A l’approche des congés de Pâques, l’espoir de sauver l’année scolaire 2018-2019 s’amenuise. Et cela d’autant plus que la grève des enseignants se poursuit sur l’ensemble du territoire national alors que le gouvernement campe sur la position refusant de prendre un engagement dont l’incidence financière semble insupportable pour le Trésor public. Mais, élèves et parents multiplient les initiatives pour sauver les meubles en rappelant syndicats et enseignants à leur responsabilité patriotique.
Toutes les écoles publiques du Mali sont paralysées depuis le début de la semaine. Ils sont plus de cinquante cinq mille enseignants à réclamer l’amélioration de leurs conditions de vie et l’accès aux services centraux de l’Etat. Le Mouvement a même touche les écoles privées, y compris américaines et françaises. Les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016 ont décrété, le lundi 11 mars 2019, une nouvelle grève de 15 jours en trois étapes : du 11 au 15 mars, du 18 au 22 mars et du 1er au 15 avril 2019.
Face au spectre de l’année blanche, les élèves et les parents d’élèves ont décidé de prendre les taureaux par les cornes en manifestant un peu partout au Mali la semaine dernière, notamment Bamako, Kayes, Kati, Sikasso… pour sauver l’année scolaire et académique. Tous les supports de communication et de plaidoyer sont utilisés aujourd’hui par les enfants pour interpeler les acteurs, notamment le gouvernement et les syndicats d’enseignants. Et ils sont nombreux ceux qui pensent que les syndicalistes doivent mettre un peu d’eau dans leur vin en priorisant l’avenir des enfants par rapport à leurs intérêts personnels.
«Les enseignants ont demandé un statut particulier et ils l’ont eu. Et maintenant, c’est la guerre des primes. Et demain, que vont-ils brandir pour prendre l’école et l’avenir de nos enfants en otage ? Je pense qu’ils pensent plutôt à eux qu’à nos enfants», déplore Binta, une mère de famille.
«On a un problème plus sérieux que leur lutte, car c’est le système éducatif au Mali qui ne répond pas aux attentes de la population. Je n’ai jamais entendu un enseignant broncher par rapport à ce sujet. Qu’ils libèrent donc nos écoles», renchérit-elle.
D’autres n’ont pas manqué de dénoncer ce qu’ils qualifient de «négligence» des autorités maliennes dans la résolution de cette crise. «Nous espérons que le gouvernement aura des échos de cette marche et qu’il va s’assumer afin de rouvrir rapidement les écoles afin d’éviter une année blanche», espère une manifestante de la capitale.
«L’école est un droit pour tous», pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants à Kati. La préoccupation majeure des manifestants est la réouverture rapide des classes afin que les élèves puissent reprendre les chemins de l’école. Des manifestations ont eu lieu aussi à Kayes, Sikasso… depuis le début de ce mois de mars 2019.
A Bamako, plusieurs personnes ont aussi manifesté devant le ministère de l’Education sans cacher leur amertume face à la situation actuelle de l’école malienne. «Le sit-in devant le ministère a pour objectif d’interpeller les autorités par rapport à la situation actuelle. On veut que les deux parties prenantes dans la crise (les enseignants grévistes et le gouvernement) trouvent une solution rapide par rapport à la situation pour que nos jeunes frères et sœurs puissent retourner à l’école», précise Aboubacar Harouna, vice-président de l’Association pour la promotion de la jeunesse et du leadership.
Pour les manifestants, il est urgent que les deux parties s’asseyent urgemment et trouvent un compromis. «C’est un devoir et une obligation morale pour les parties prenantes de la crise de l’école malienne, de trouver très vite une solution adéquate, pour que les élèves retournent en classe», a martelé Sory Ibrahim Cissé, président du Conseil National de la Jeunesse de la Commune III de Bamako.
Il a rappelé que «ce mouvement de protestation est né sur les réseaux sociaux. Il va continuer à intensifier les actions pour que le plus rapidement possible, il puisse y avoir un terrain d’entente entre les deux protagonistes de la crise de l’école».
Aïssata Bâ
Le MATIN