Les conseils des ministres ordinaires comme extraordinaires se sont succédé ce dernier temps à un rythme infernal, non pas pour apporter la moindre solution à la demande sociale de plus en plus croissance, mais pour satisfaire les désidératas de la minorité arabo-touaregs qui a pris les armes contre la République. Le 10 mars 2017, un conseil des ministres extraordinaire a eu lieu avec un seul point à l’ordre du jour : « projet de loi relatif à la révision de la Constitution du 25 février 1992 ».
Le samedi 18 mars 2017, un autre conseil des ministres extraordinaire a eu lieu pour fixer la date de la tenue de la conférence d’Entente Nationale du 27 mars au 02 Avril 2017 comme prévu dans l’Accord pour la Paix et de Réconciliation. Au même moment, les hôpitaux et autres Centres de Santé de Référence sont déserts depuis plus de 15 jours. Les élèves du fondamental et du secondaire du ressort de l’Etat sont en congés forcés depuis plus de 9 jours. Et le syndicat de la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence emboitera le pas aux syndicats de la Santé et de l’Education pour paralyser le secteur du commerce pendant une semaine.
Le régime privilégierait-il certaines couches socio-professionnelles au détriment d’autres ? Son silence n’est-il pas un aveu d’incompétence ou d’insouciance ? Jusque quand durera l’indifférence ? Le Mali est-il réellement à l’abri d’un soulèvement populaire ?
Tous les signaux d’un embrasement général sont au rouge au Mali. Le nord toujours instable, malgré la signature de l’Accord pour la paix et la Réconciliation, accorde des avantages certains aux groupes armés et à la population du nord. Le centre est devenu l’épicentre des conflits ethnico-communautaires. Les éleveurs nomades et les agriculteurs sédentaires s’entretuent par dizaines sous le regard impuissant du pouvoir central.
Le sud est paralysé par la grogne sociale des travailleurs du secteur public dans une indifférence totale des autorités politiques qui frise le mépris. Pourquoi un tel silence radio des autorités face à la situation sociale de plus en plus explosive dans laquelle se trouve le Mali ? Ne faut-t-il pas craindre un soulèvement populaire si la situation perdurait ? Les conséquences de ces grèves sont suffisamment graves pour ne pas être inscrites au chapitre des questions prioritaires de l’Etat. Pour rappel, l’école est paralysée depuis plus d’une semaine, privant les élèves les plus démunis de leur droit à l’instruction. Les enseignants projettent même de marcher le 05 avril 2017 et d’aller en grève de dix jours à la fin des congés de Pâques.
Pire que l’éducation, les structures hospitalières sont, elles aussi, endormies par une grève illimitée des agents de santé, qui n’assurent plus que le service minimum. Après plus de 15 jours de grève, c’est « silence, les gens meurent ». Aujourd’hui, les cas de décès se comptent par dizaines par jour faute de soins médicaux, sans que les autorités ne daignent sourciller.
En définitive, le Président de la République est désormais sur des braises ardentes, lui qui a été plébiscité par la majorité des électeurs maliens pour trouver la solution aux différentes crises socio-sécuritaires et pour poser les jalons d’un véritable développement.
Youssouf Sissoko
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