«Veuillez avoir l’assurance de ma considération. Voilà une cérémonie qui réjouit le cœur. Les bâtiments du camp en ruine, cela sera du passé dans un bref délai, Incha Allah. Camp Amadou Cheickou, où je venais élève passer mes vacances, merveilleuses, en compagnie d’un de mes amis d’enfance, fils d’officier que certains ont connu, le chef du bureau militaire du Président, Modibo Kéita.
Qui se souvient encore de lui? Il avait un fils et il venait passer ses vacances avec moi, ici à Ségou. Il est vrai que son père l’avait fait boire au biberon de la vocation militaire. L’armée malienne revient de loin. Elle revient de très loin. La totale faillite de l’Etat l’avait rendue méconnaissable. Aujourd’hui, quand on voit les soldats, quand on les voit en uniforme, ils donnent de nouveau envie. C’est agréable à voir et rassure nos citoyens. Et ce n’est pas fini.
Nous ne baisserons pas les bras tant que vous, armée du Mali, ne serez pas dans les conditions les meilleures, dignes de la mission qui est attendue de vous, dure, ardente, rigoureuse, difficile à souhait, mais souvent sans les moyens. Ces moyens, méthodiquement, laborieusement, sans jamais nous fatiguer, nous les réunirons au fur et à mesure. La zone de défense N°2 a payé le prix fort pour la défense de la patrie, dans une zone agitée, difficile. Vous avez perdu ici des hommes. Je m’incline pieusement devant leur mémoire et je dis que leurs pupilles seront à la charge du Mali. Incha Allah.
J’adresse également mes vœux les plus sincères. Tout sera mis en œuvre pour leur donner les soins auxquels ils ont droit. Les interventions multiples auxquelles la zone de défense N°2 A été soumise interpellent. Monsieur le ministre, vous savez le souci qui est le mien. C’est pourquoi, Loi d’orientation et de programmation militaire ou pas, un hélicoptère à Ségou n’est pas un luxe. Il permettrait une projection rapide des hommes sur le terrain. C’est le Commandant des forces armées maliennes qui parle.
Je veux un hélicoptère à Ségou. Je veux des hélicoptères de transport de troupes, de projection rapide, efficace sur le terrain, pour l’évacuation des blessés en cas de besoin. Ce n’est pas un luxe, c’est aujourd’hui une exigence. Et le reste, qui est en commande, suivra, selon les délais de fabrication et de mise à disposition. C’est vous dire ma totale dédicace à faire en sorte que notre armée redevienne non seulement ce qu’elle fut mais meilleure encore que quand elle était portée par des hommes comme le Général Abdoulaye Soumaré et le Colonel Sékou Traoré.
Une armée dont nous étions si fiers quand on la voyait parader. Il faut que l’on cultive l’amour de l’armée malienne au cœur des jeunes enfants maliens. Cela peut se faire à travers la reconnaissance de vos exploits. Car, vous en réalisez tous les jours. Les jeunes viennent de recevoir les Croix de la valeur militaire. D’autres ont reçu également des Médailles de Bravoure et de Mérite. Tous sont de jeunes Maliens prêts au sacrifice pour la nation malienne, pour la patrie. Cela doit faire école, pour être su et magnifié.
Ainsi, nous pouvons drainer vers l’armée ces jeunes forces, ces jeunes vies qui ne demanderaient alors qu’à servir leur patrie, avec ardeur, avec foi et engagement constant. C’est pourquoi, Monsieur le ministre, les recrutements doivent survenir. Ils tardent, ils tardent. Nous avons besoin d’effectifs dans tous les domaines. Je viens de Bla, carrefour stratégique. Quand j’ai su l’effectif qui est là bas, c’est ridicule! C’est ridicule! Ridicule.
Donc, Messieurs, je vous interpelle. Faisons en sorte que chacun, au niveau où il est appelé à servir cette nation, donne le meilleur de lui-même, toute sa capacité, dans tous les domaines, et sache chaque jour faire le point. Que nul ne nous fasse de rapports tronqués. Que je sache à chaque instant où j’en suis. De quels outils je dispose, de quels hommes je dispose dans telle ou telle zone, pour des besoins de salut des populations.
Cela doit être constant, et je serai rigoureux. Là-dessus, je serai très regardant. Donc, il faut que nous fassions des recrutements de qualité. Pas comme autrefois. Je suis le neveu du Président. Point. Terminez ça. Je suis lié à telle ou telle personnalité, terminez ça. J’ai des compétences, des capacités, je suis Malien, je veux servir le pays et je réponds aux critères que vous, armées, avez défini. Seul cela compte et doit compter.
Les écoles militaires, pareil. Je suis fils d’officier supérieur, je suis fils de ministre, je suis fils de tel ou tel dignitaire du pays. Non. Je suis en capacité intellectuelle, physique, morale de servir le Mali, Oui. Je peux aller au Prytanée militaire, je peux aller à l’EMIA. Le mérite, le mérite et lui seul, doit être désormais le critère fondamental, essentiel et définitif des choix. A l’homme idoine, la place idoine. Seulement là, le pays sera sauvé.
Nous avons coutume de dire, comme devise d’innovation panafricaine de jeunesse et d’étudiant, si tous les fils du royaume venaient par leurs mains rassemblées boucher le trou de la jarre percée, le royaume sera sauvé. Chacun doit venir boucher sa part de trou, pour que la nation soit étanche, pour que ceux qui cherchent à la tuer ne réussissent point leur sale besogne.
Hommes de la 2ème région militaire, salut à vous pour votre bravoure, votre dévouement sans faille. Votre chef est un chef, pas un orateur à la petite semaine, pas un verbieux. Colonel, je vous salue. Je sais que ce je dis là, chaque militaire ici présent peut en témoigner. C’est ça le Mali, c’est de ça dont nous avons besoin.
J’avais dit également que j’aurai un soin particulier pour la vie des hommes, le sort des hommes. Monsieur le ministre nous avons fait un effort sur la grille indiciaire, mais on va faire plus encore, Inchalla. L’armée et ses chefs méritent plus que ce qu’’on leur donne aujourd’hui, comme muette.
Faisons un effort dans tous les domaines. Là c’est utile, là ça servira le pays, là ça doit aller et là ça ira. Je le dis pas pour faire plaisir, je le dis parce que c’est mon intérêt, c’est l’intérêt de mon pays, c’est l’intérêt de ma mission, la mission laquelle j’ai été commis, serment que j’ai prêté devant vous, le peuple malien et devant Dieu. Donc c’est une ardente obligation pour moi, morale et éthique. Et ainsi il sera, Inchalla.
Nous avons le devoir de faire en sorte que nos soldats aient plus de logements décents. Mes visites dans certaines casernes sont difficiles. Quand on voit ce que la puissance coloniale a laissé, qui n’a guère prospéré depuis, auquel on a ajouté tant bien que mal (ka tugu ka bari, ka tugu ka bari), comme on le dit dans un mélimélo dangereux même pour les vies des enfants. Des bancos qui sont fait n’importe comment, des points d’eaux qui drainent de la gadoue, dans lesquels les files peuvent tomber et engendrer le pire.
C’est cela les casernes maliennes aujourd’hui. Sont-elles dignes des hommes qui donnent leur vie pour la République du Mali. Non, non, non. Là également, nous avons projet. Mais nous disons, nous disons, la mise en œuvre ne vient pas souvent rapidement et hélas, il faut cela change. Je ne prendrais aucun plaisir à aller et à venir pour constater ce que je sais qui existait, que je retrouve, n’ayant pas changé, n’ayant pas bougé d’un iota, Non. Si je bouge, j’aimerais voir qu’l y a un plus, un grand plus, et pour l’homme et pour l’outil.
Les conditions de vie de l’homme jouent forcement sur son moral, sa psychologie. Le fait simplement d’avoir perçu aujourd’hui, chacun d’entre vous militaires, trois uniformes a fait un effet. Je vous sens fiers désormais, je vous sens fiers de porter ces uniformes, parce que vous aimez le Mali. Je suis de ceux qui avaient dit, en un temps pas très lointain, quand il y avait le débat, faut-il le rappeler, à des forces extérieures, Non, si cela veut dire que l’armée malienne est incapable, si l’on veut se baser sur ce qui s’est passé par la faute des politiques, non.
Elle est compétente, qu’on lui donne les moyens. C’est pourquoi, venant aux affaires, j’ai commencé par faire ce que j’avais dit. Que je continuerai, contre vents et marées, que je continuerai, Inchalla. Car tel est l’intérêt de ce grand et beau pays. Vous aurez, militaires du Mali, les moyens de vos missions, les conditions d’existence, de dignité, laquelle seule est conforme au sacrifice auquel vous consentez quotidiennement.
Dès lors, quel sacrifice la nation malienne ne pourrait faire à votre endroit?
Voilà, hommes de la 2ème région de la défense, militaires du Mali, les deux mots que je voulais vous dire ici, aujourd’hui, en vous renouvelant toute ma confiance, toute ma fierté. J’ai passé un séjour merveilleux en 4ème région. On m’avait prédit le pire, j’ai dormi comme un loir. Certains ont dit le vieux a tenu le coup, il a rajeuni. Oui, parce que je vous savais à l’appel, dans l’ombre. Merci».
Propos recueillis par notre Envoyé spécial
Source: Le 22 Septembre 14/15/2015