De ce fait, les spécialistes estiment qu’aujourd’hui plus des 60 sites d’extraction et de stockage de sable sont en activité le long du fleuve du Niger sur 150 km à proximité de Bamako. Ainsi, la filière emploie du moins 15 000 personnes selon le Syndicat national des transporteurs routiers urbains et interurbains du Mali.
Les différentes enquêtes révèlent qu’entre 15 et 20 millions de m3 de matériaux auraient été extraits du fleuve de 2000 à 2006 entre Kangaba et Koulikoro en amont et en aval de l’agglomération de Bamako. Soit une amputation annuelle d’ordre pluri-centimétrique. Ces prélèvements s’ajoutent à une baisse des apports sédimentaires liés à la présence de barrages en amont de la capitale, ce qui constitue des véritables « pièges à sédiments » de digues.
Tous ces aménagements entravent le cheminement de l’eau, font obstacle ou freinent les écoulements. Par exemple, précisent les experts, sur le barrage hydro-électrique de Sélingué sur le Sankarani, prés d’un quart du bassin ne participe plus à l’alimentation du fleuve en sédiment.
Des enquêtes poussées font remarquer que ces prélèvements ont également induit de profondes modifications de la morphologie du Niger supérieur, sur la source-piscicole et sur l’agriculture et plus généralement sur l’écosystème fluvial. Aussi, avec l’expansion urbaine qui se poursuit et la construction de nouveaux aménagements sur le Niger dont le barrage de Fomi en République de Guinée d’un réservoir trois fois supérieur à celui de Sélingué, le phénomène s’accentuera considérablement.
La ressource en sable d’exploitation économiquement aisée n’est pas inépuisable, et que tôt ou tard, l’industrie du bâtiment devra prendre en compte cette donnée. Devant cet état de fait, les décideurs politiques sont appelés à prendre des mesures urgentes ; à savoir : trouver un autre site d’extraction de sable, pour la sauvegarde du fleuve Niger qui constitue notre source de vie.
Certes, l’activité génère de l’emploi, mais la menace qu’elle fait peser sur le Djoliba doit inciter les autorités à réglementer le secteur. Pour toutes ces raisons, le département de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement est fortement interpellé.
Alpha Mahamane Cissé
L’ Indicateur Du Renouveau