La flambée des prix est visiblement passée par là avec sa cohorte d’inaccessibilité des denrées de consommation courante.
Mais la mesure de riposte choisie est en passe d’affecter lourdement les équilibres budgétaires sans les effets d’allégement poursuivis.
Du pain à l’huile en passant par les céréales, la viande et le lait, etc.,
les prix ont pris l’ascenseur ces derniers temps, entraînant panique, mécontentements et grincements de dents exploitables à des fins politiques contre des autorités de Transition fragilisées par les pressions internationales.
Aux timides mesures de stabilisation à l’échelle ministérielle ont dû donc succéder, la semaine dernière, une décision conjoncturelle de plus grande envergure.
Elle a consisté, pour les hautes autorités, à faire face à la cherté de la vie au moyen de subvention de certains produits de première nécessité à l’importation, à travers une réduction de leur base à hauteur de 50%.
Il s’agit notamment du riz pour 300 mille tonnes, du sucre pour 60 000 tonnes et de 30 000 tonnes d’huile alimentaire.
Les implications budgétaires d’une telle mesure drastique, selon plusieurs observateurs bien avertis, sont estimées à près de 18 milliards de nos francs dans l’année, soit plus de la moitié des recettes mensuelles aux portes.
De quoi engendrer une tendance baissière des proportions initialement fixées à la Direction Générale des Douanes pour l’exercice en cours, à savoir un cap de 600 milliards F CFA à boucler d’ici à décembre.
Un manque à gagner d’une telle ampleur devrait se compenser par une nette stabilisation des prix des denrées de première nécessité :
500 francs CFA le kilogramme de sucre, 1 000 francs le litre d’huile et 350 francs CFA le riz brisure. Pour ce faire, les autorités ont pris soin d’encadrer l’opération par les garde-fous nécessaires, à savoir la signature d’un cahier de charge astreignant les importateurs au respect des quantités admises, à l’application effective des prix au détail ainsi qu’à la disponibilité des produits concernés.
Un mécanisme de suivi est par ailleurs instauré à l’effet de veiller à l’efficacité de la mesure à travers notamment des brigades de contrôle.
Le dispositif mis en branle permettra-t-il pour autant de freiner la flambée des prix des produits de première nécessité ?
Sur la question, beaucoup de commerçants que nous avons approchés sont plutôt sceptiques et évoquent pour la plupart des facteurs exogènes difficilement maîtrisables.
En plus d’une flambée du prix des matières premières entrant dans la production des produits concernés, explique-t-on, une hausse tout aussi drastique s’est produite sur les frais de transport maritime grevant par conséquent le coût des importations.
«Autant dire que les subventions pourraient ne pas produire des effets dans les proportions attendues», a admis un commerçant interrogé à ce sujet, nuançant du coup les espoirs d’atténuation des effets de la flambée des prix sur le pouvoir d’achat des Maliens.
Les consommateurs ordinaires risquent ainsi de voir leurs attentes très peu comblées, tandis qu’il est à craindre que les augmentations précédemment concédées aux travailleurs n’aient pas suffisamment d’impact pour calmer le front social.
Par contre, le renoncement à près de deux (2) dizaines de milliards pourrait se traduire par une incidence certaine sur la régularité des salaires, lesquels reposent sur un trésor public essentiellement tributaire des ressources endogènes et singulièrement des recettes fiscales.
À moins que le service des douanes arrive à se hisser à la hauteur du nouveau gap engendré par les mesures de subvention, eux qui font face déjà à la difficulté de combler les écarts inhérents aux exonérations précédemment consenties à l’armée et à la sécurité, aux allègements antérieurement concédés dans le cadre du Covid-19 ainsi qu’aux pertes de recettes imputables à l’insécurité et à la réduction du territoire douanier.
La solution pourrait résider dans l’intensification des réformes annoncées à la prise de fonction du nouveau DG, à savoir : l’évaluation des valeurs en douane, la modernisation du service et l’accentuation du contrôle intracommunautaire.
A KEÏTA
Source : Témoin