Dans notre parution du 5 mai, nous avons levé un coin de voile sur les pratiques discriminatoires consistant à favoriser le nommé Bakoré Sylla en le faisant bénéficier de certaines circonstances. Et selon nos sources, ce serait le Directeur de Cabinet de la Primature Makanfily Dabo, qui en 2010 aurait favorisé l’octroi de 15 000 tonnes de riz exonéré au Grand grenier du bonheur (GGB) de Bakoré Sylla, un commerçant qui a battu fortune sur les exonérations depuis une vingtaine d’années.
Cependant, c’est dans les colonnes d’un confrère de la place que ceux qui se sont sentis morveux ont gracieusement occupé un espace pour se livrer à une gymnastique intellectuelle qui, au lieu de clarifier, au lieu de les disculper, les a confondus davantage, comme dans un jeu d’arroseurs arrosés.
Dans ladite parution, l’affaire des 15 000 t d’exo de riz en date du 28 janvier 2011est enfin bien élucidée. Avec force détail, l’on apprend que l’exonération de droits et taxes portait pour un départ sur 95,177 t de riz avant de retomber à 79, 476 t pour l’ensemble des opérateurs du secteur. Les 15 000 t de riz du GGB de Bakoré Sylla sont mis au compte d’une simple régularisation de cet opérateur qui en avait fait la demande en faveur de son navire de riz accosté dans un port voisin.
Dans un tel plaidoyer où la confusion en discute à l’incompréhension du sujet, le résultat ne peut donner qu’un tas de zones d’ombres.
Il est incontestable que le ministre de l’Economie et des Finances est l’autorité compétente habilitée à donner une exonération. C’est pourquoi il y a forcement anomalie et malversation quand dans le cas des 15 000 t, la lettre a été signée à un autre niveau qui est celui du directeur de cabinet du Premier ministre de l’époque.
Si le Premier Modibo Sidibé n’était pas au courant de ce grotesque montage jusqu’à la découverte du pot-aux-roses, il n’y a pas de doute que l’affaire a un relent sulfureux, venant de son plus proche collaborateur. Puis on trouve le moyen de faire croire à l’opinion publique, comme pour se moquer de l’intelligence, qu’il ne s’agissait que d’une régularisation, le fait d’acheminer les 15 000 t à l’actif de Bakoré Sylla. Au motif miraculeux qu’il était le seul opérateur économique à avoir en ce moment précis sa cargaison de riz au port. Il devait donc être le seul à bénéficier de telle gentillesse.
Les commanditaires, les auteurs et les complices de la manœuvre auraient pu faire avaler la couleuvre si le même responsable à la primature n’avait pas fait annuler en 2010 une exonération de plus de 100 000 t de sucre accordée à 17 importateurs maliens, indiquent nos sources. Le seul tort de ces commerçants qui ne cherchent qu’à exercer librement et à vivre à la sueur de leur front, certains s’étant même endettés auprès des banques pour fructifier leurs affaires, a été qu’ils n’étaient pas importateurs de sucre. Pourtant Bakoré Sylla au vu et au su de tous, est importateur en même temps de l’huile, du thé, de la farine.
Certains n’ont-ils pas déjà trouvé le sobriquet de « Bayengo » (égoïste) du secteur privé malien ? Ce qui est venu à l’idée de plus d’un lorsqu’il a demandé au nouveau ministre de l’Industrie, de l’Investissement et du commerce de limiter les exonérations aux seuls « gros bonnets », en oubliant l’adage selon lequel les petits pissons d’aujourd’hui sont les grands de demain. Mme Sangaré Niamato Bah appréciée de tous les commerçants maliens saura –t- elle se prévaloir en temps opportun, de toutes ses expériences avérées dans le secteur ? Elle en aura certainement besoin.
B. Daou
Le Républicain 12/05/2011