Ibrahim Ag Hamada Assalagh, lui, est élu à Bourem. C’est par l’intermédiaire de quelques acrobaties politiques de hauts cadres du Nord qu’il a été parachuté à l’Assemblée nationale. Lui aussi membre très influent du Réseau de plaidoyer pour la paix la sécurité et le développement au Nord Mali, Ibrahim n’en reste pas moins une personne qui a plongé dans plusieurs sales affaires. Et son passé de voleur de voitures l’a, une fois de plus, suivi. Jusqu’à le mettre contre l’Etat malien, qui l’a pourtant soutenu lors de sa candidature au poste de député de Bourem. Il est d’ailleurs arrivé à l’Hémicycle à califourchon sur le dos de Chato.
Voici laconiquement brossé un portrait de nos deux députés, dont le palmarès en matière de trafics en tous genres est plus long que leurs bras. Ce sont aussi, il faut le souligner, eux qui étaient les plus actifs dans ce fameux Réseau. Ce sont aussi eux qui ont fait croire à certains bailleurs de fonds qu’ils voulaient aider le Nord à se développer. Alors que c’était surtout pour escroquer et détourner l’argent des Européens. Dans ce cadre, ils ont reçu des centaines de millions d’un partenaire bilatéral et d’un autre, multilatéral, du Mali. Cet argent a été tout simplement utilisé à d’autres fins. Selon toujours nos informations, le défunt Colonel Mouhamar Kadhafi aurait versé successivement 800 millions de FCFA à Alghabass et 600 autres millions de FCFA à Ibrahim, afin que ces derniers cessent de comploter contre le Mali. Peine perdue.
Venons-en maintenant à Nina Walett Intalouh, «la tigresse», comme certains la surnomment dans le milieu tamasheq. Elle est conseillère municipale ADEMA de la ville de Kidal et membre du Haut Conseil des Collectivités (HCC), une institution de la République dont elle est la 5ème vice-présidente. Elle est également membre du mouvement des femmes du parti de l’Abeille.
Nina est une véritable rebelle, venue de la Côte d’Ivoire dans les années 90. Elle a activement milité à la base au sein de l’ADEMA et s’est retrouvée, à la faveur des communales de 1998, conseillère communale de Kidal. Elle décide alors bouleverser la hiérarchie sociale en se présentant comme Maire de la ville, ce que les notabilités des Ifoghas ont carrément refusé, malgré les pressions de la Direction de l’ADEMA et de Soumeylou Boubèye Maïga, alors patron de la toute puissante Sécurité d’Etat. C’est ainsi qu’un modus operandi a été trouvé pour la propulser au HCC.
Voici cette dame très respectée, sur laquelle ne pèse aucun doute et qui, début décembre, prend son vol pour Nouakchott. Elle y arrive en fin d’après-midi et est installée dans un appartement du Consulat du Mali. En début de soirée, des agents des services secrets mauritaniens lui rendent visite. Ensuite, elle embarque avec eux vers une destination inconnue. Début janvier, nous apprenons qu’elle a rejoint le MNLA et qu’elle est désormais sous la protection de l’Etat mauritanien. Le porte-parole du MNLA et ex-ministre de Moussa Traoré, Hama Ag Sid Ahmed, la rejoindra quelques jours plus tard.
Selon plusieurs sources, ces deux désormais rebelles sont logés, nourris et protégés par le gouvernement mauritanien. Le ministre des Affaires Etrangères de ce pays dit ami a même officiellement déclaré: «ce sont des Touaregs maliens, qui réclament leurs droits au Nord du pays. Le gouvernement du Mali se doit de discuter avec eux…».
Après l’Algérie, qui a toujours apporté des soutiens multiples aux différentes rébellions touarègues, le tour revient maintenant à la Mauritanie d’aider les bandits armés ennemis du Mali et de tenter de les défendre.
A suivre.
Chahana Takiou et Paul Mben
22 Septembre 02/02/2012