A l’analyse, les derniers événements ayant marqué la coopération entre le Mali et la Mauritanie traduisent une légère tension découlant des pressions inamicales de Nouakchott, qui surfe sur la crise que traverse notre pays.
Mise en place d’une mission conjointe Adhoc d’établissement des faits, chargée de faire la lumière sur les derniers événements de El Ataye, mise à disposition dans les meilleurs délais, les résultats de l’enquête diligentée, sanctionner, sévèrement les auteurs de ces crimes odieux, créer un cadre conjoint de concertation, de mutualisation et de partage d’information afin de prévenir efficacement de pareils évènements et organiser des patrouilles conjointes le long de la bande frontalière. Ce sont là les conclusions convenues entre le Mali et la Mauritanie à la suite des événements tragiques des 5 et 6 mars dans la localité d’El Ataye.
Ces décisions font suite au déplacement de la forte délégation malienne, conduite par le ministre Abdoulaye Diop auprès de son homologue mauritanien, suivie d’échanges francs et sincères entre les deux délégations.
Le 8 mars dernier, l’Ambassadeur du Mali en Mauritanie, Mohamed Dibassy a été convoqué par le ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur pour lui signifier « l’assassinat des citoyens mauritaniens » survenu sur le territoire malien, vers la frontière commune des deux Etats. C’est ainsi qu’une délégation malienne conduite par chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, que certains observateurs voient dans la peau du probable successeur du Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga, s’est rendue, le vendredi 11 mars à Nouakchott pour s’entretenir avec les autorités du pays frère, notamment le président mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazaouani sur le sujet. Il s’agissait aussi d’exprimer la détermination du Mali au renforcement de la relation bilatérale entre les deux Nations.
C’est par le communiqué du porte-parole du Gouvernement, le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maïga, que l’opinion publique malienne a appris cette convocation de l’Ambassadeur du Mali en Mauritanie suite à l’assassinat des mauritaniens à la frontière commune des deux pays (Mali-Mauritanie). Le Gouvernement a ainsi condamné énergiquement ces actes criminels, destinés à porter atteinte à l’excellente qualité des relations entre les deux Etats. Et le gouvernement d’estimer non-anodin la survenance de ce genre d’incident malheureux au moment où la Mauritanie apporte son soutien en termes d’’approvisionnement normal des populations maliennes qui subissent les sanctions illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et de l’UEMOA. « A la suite de cet incident, le Président de la Transition, S.E le colonel Assimi Goïta a échangé avec son homologue de la République Islamique de la Mauritanie S.E Mohamed Ould Cheickh El-Ghazouani. A l’issue de cet entretien, il a instruit d’ouvrir une enquête pour élucider la situation…. », assure le même communiqué.
Mais au-delà de ces échanges entre les autorités maliennes et mauritaniennes, l’on se demande comment cet incident a pu prendre cette procédure de pressions comme pour indexer l’armée malienne d’être impliquée dans ces événements. Alors qu’il est établi que depuis plusieurs semaines, des opérations militaires d’envergures se déroulent dans des zones criminogènes réputées nids des terroristes et extrémistes, qui ne connaissent pas de frontières.
Les autorités mauritaniennes ignorent-elles que la zone frontalière entre nos deux pays est infestée par des individus assimilables à des terroristes ? Pourquoi en vertu des principes et règles de fonctionnement du G5-Sahel, la Mauritanie n’a-t-elle pas coopéré au sein de l’opération Kélétigui pour nettoyer les localités concernées de cellules dormantes du terrorisme, qui y pullulent ? Le système du flux et reflux des groupes terroristes n’obligeait-il pas la Mauritanie à un minimum d’alerte dans la zone pour prévenir d’éventuels assassinats découlant de fuite de terroristes ? Ces assassinats ne peuvent-ils pas être l’œuvre de groupes criminels dissimulés dans les forêts avoisinantes ?
Toutes ces questions incitent à voir en ces suspicions des autorités mauritaniennes des manœuvres visant à mettre des pressions sur les autorités du Mali. A quelle fin ? L’argument économique n’est pas à exclure, étant donné que le port de Nouakchott est devenu un débouché important du Mali, dans le contexte de l’embargo de la CEDEAO. Sinon, les autorités mauritaniennes pouvaient gérer cet incident avec diplomatie, sans tambour ni trompette par exemple en évitant de convoquer l’ambassadeur du Mali en Mauritanie.
C’est ce qui pousse de nombreux observateurs à déplorer dans les attitudes de Nouakchott la traduction de « pressions inamicales », contraire au principe de bon voisinage entre les deux peuples frères. Surtout que dans le passé, il y a eu des cas similaires d’incidents, où les forces armées mauritaniennes avaient été soupçonnées de bavures sur des citoyens maliens vers la localité de Gogui ? Et Bamako n’avait pas haussé la voix, malgré les cris de détresse des populations et des élus de la zone. Nouakchott a-t-il oublié le proverbe africain selon lequel « deux calebasses sur l’eau finissent par se toucher » ? Les agitations actuelles des autorités mauritaniennes ne sont pas de nature à faciliter le travail de nos FAMAs, dans le cadre de leur montée en puissance contre le péril terroriste. Elles ne sont pas non plus conformes aux relations séculaires d’amitié et de bon voisinage entre nos deux pays.
Kassoum TOGO