Au départ, la visite de Moussa Mara à Kidal en 2014 a été revendiquée par tout le gouvernement malien, y compris le président de la République, le premier à accueillir et féliciter son Premier ministre de l’époque à son retour de Kidal. Mais cette visite refait surface, ayant été la source de bien de malheurs pour tout le Mali. Et personne dans l’entourage du président n’ose aujourd’hui revendiquer l’aventure dramatique épinglée dans le rapport de la Commission ad hoc de l’Assemblée nationale sur ces évènements de Kidal.
A l’heure de la justice revendiquée par les parents des victimes et les défenseurs des droits de l’homme, le président IBK détale, laissant seul son ancien Premier ministre à la barre. Et pour se faire une virginité dans cette affaire aux conséquences lourdes, le chef de l’Etat panique à Ségou et va jusqu’à tancer son ancien Premier ministre : « Aucune fanfaronnade politicienne ne me ferra débarquer à Kidal et créer un incident».
Cette déclaration du chef de l’Etat a détruit la seule arme de défense de l’ancien patron de la primature qui pensait trouver une échappatoire sous la couverture d’une mission gouvernementale. Mais comme pour dire que nul ne peut exceller éternellement dans l’injustice, le président IBK, pour sauver sa propre tête, a fini par lâcher Moussa Mara.
IBK a-t-il voulu faire de Mara le bon verrou qui saute au besoin, que ce dernier ne veut pas couler seul. Mais d’autres arguments existent en dehors : c’est que Mara aurait été averti par la Minusma, Barkhane, la sécurité d’Etat, ainsi que certains ministres de son gouvernement.
Quant à Mara lui-même, il est désormais monté sur la défensive et engage la course à la sauvette depuis l’annonce de la disponibilité du fameux rapport de la commission de l’enquête parlementaire de l’Assemblée nationale l’incriminant.
Pour Moussa Mara, c’est « en tant que Premier ministre agissant sur instructions du chef de l’Etat » qu’il s’est rendu à Kidal. A suivre le regard de l’ancien Premier ministre, s’il y a un coupable à poursuivre dans cette affaire, c’est bien le président IBK. Comme pour rappeler qu’il faut élargir le puits de la trahison, afin d’y trouver sa propre place.
Youssouf Z KEITA