Cette marche qui rentrait dans le cadre des festivités du 20 janvier, fête de l’armée malienne, devait partir du Rond point Oumou Sang (Djélibougou) sur la route de Koulikoro au Monument du général Soumaré (Sotuba ACI), tout en longeant l’Avenue de l’armée. Selon les organisateurs de ladite marche, son report, pour ne pas dire son interdiction, ne leur a été notifié que la veille par la mairie du District de Bamako et le gouvernorat, c’est-à-dire le 23 janvier 2015 vers 11h30. Très mécontents, ils disent ne pas comprendre cette attitude de nos plus hautes autorités, surtout qu’il ne s’agissait que de rendre hommage aux militaires maliens et étrangers tombés au front.
De toutes les façons, ils ne comptent pas baisser les bras et envisagent, à défaut de la marche, une conférence de presse dans les jours à venir pour édifier l’opinion nationale et internationale sur ce qu’ils considèrent comme étant leur droit légitime.
Dans une déclaration du président d’Eveil-Mali, Soumaïla Baïny Traoré, lue par Mohamed Chérif Coulibaly, il ressort que le Mali est un grand Pays de paix et de tolérance ; composé de plusieurs ethnies vivant en parfaite harmonie et en coexistence pacifique depuis des siècles. Cette cohésion nationale facilite la tâche de notre armée nationale dans sa mission régalienne de l’Etat de droit. «Issue des traditions militaires de Soundiata, de Samory, de Babemba, de Tièba et de Firoun, l’armée malienne salua le drapeau national le 20 janvier 1960 et fit le serment de défendre la sécurité nationale. Elle fait notre fierté ; cette fierté nationale qui s’exprime sous une liberté dont elle est la seule gardienne. Cette liberté qui nous permet d’exporter aujourd’hui notre modèle démocratique, notre décentralisation enviée et notre modèle de tolérance. Cette vitalité de notre Nation est garantie par Elle. C’est cela que nous voudrions honorer ce 24 janvier 2015, pour dire à nos militaires que le Peuple ne les oublie pas. Que la jeunesse est à leurs côtés ; que le Mali sera toujours Un Peuple et But et Une Foi, grâce à Elle, à ses Soldats, à ces hommes de rangs», précise-t-il.
Avant d’ajouter : «Voilà un peu de plus de trois ans, notre pays a connu une attaque meurtrière, barbare et inhumaine à Aguel Hoc contre les soldats dans l’exercice de leurs fonctions. Désarmés, alignés par terre, les mains liées derrière le dos, ils ont été égorgés, voire décapités. Sauvagement et froidement assassinés. L’atrocité de leurs morts a ému le peuple du Mali et l’ensemble des peuples épris de paix et de justice. L’intégrité du territoire a été sérieusement menacée. Les régions du Nord ont été annexées et administrées par les occupants, terrorisant les citoyens. Elle a marqué le début d’une tragédie annoncée pour la Nation malienne. Le souvenir de cette barbarie, la mort des militaires étrangers et la mort des militaires du Mali ont marqué la conscience de notre génération. Ils sont morts pour le Mali. Ils sont morts pour les valeurs de la Nation. Ils sont morts pour que nous continuions à exercer notre droit à la citoyenneté et à la démocratie. Ce souvenir continuera à nous habiter pour que nous continuions à entretenir la flamme de la liberté et transmettre honorablement l’histoire à la prochaine génération. Plus qu’une reconnaissance, c’est un devoir pour la jeunesse. C’est tout le sens de cette marche de recueillement pacifique».
«Hier Aguel Hoc, Kidal, Gao, Tombouctou, Konna et aujourd’hui, Nampala et Ténenkou sont sous le feu des jihadistes, terroristes et rebelles narcotrafiquants. Cette situation continue à mobiliser nos soldats à des missions de sécurité nationale aux côtés des forces armées de la Minusma. Hélas ! Là aussi, nous déplorons des morts, tout comme ceux du 24 mai à Kidal et ceux survenus lors des combats de libération de 2013 avec l’Opération Serval. Permettez-nous de nous recueillir à la mémoire de ces soldats morts pour le Mali. Honorer leur mémoire et nous incliner devant leur sacrifice. Nous sommes aussi conscients que la menace concerne toute la bande sahélo-saharienne, avec le risque d’une contagion déstabilisatrice et dévastatrice. Comme ce que viennent de connaître le Cameroun et le Tchad dans la guerre de Boko Haram contre l’Etat du Nigéria», a-t-il conclu.
Bruno E. LOMA
Source: Le Reporter 2015-01-27 23:56:49