Son nom et son visage ont fuité depuis quelques jours, mais c’est la première fois que l’on entend sa voix. Rob O’Neil brise le code du silence des Navy Seals, la Marine américaine. Il raconte cette mission contre l’homme le plus recherché de la planète et l’état d’esprit de son unité dans l’hélicoptère qui les emmène vers Abottabad, ville située au nord du Pakistan.
« On pensait que cette mission serait un aller simple, explique ainsi Rob O’Neil. Qu’on ne reviendrait pas. Qu’on serait tué par l’explosion de la maison ou qu’on serait capturés par les Pakistanais et on qu’on finirait notre vie dans une prison au Pakistan. »
Au troisième étage du bâtiment investi par les forces spéciales, Rob O’Neil tire trois balles sur Oussama ben Laden. « Ma première pensé a été : on l’a eu ! On l’a eu. La guerre est finie », dit-il.
Robert O’Neill, ancien membre des forces spéciales de la Marine, se présente comme l’homme qui a tué Oussama Ben Laden en 2011.REUTERS/Walter Hinick/The Montana Standard
Robert O’Neil, 38 ans, est sorti de son silence il y a près d’une semaine, jeudi 6 novembre, en accordant une interview au Washington Post, et en révélant alors publiquement qu’il était l’homme qui avait abattu le chef d’al-Qaïda. Il avait notamment déjà raconté dans le détail l’assaut sur la maison d’Abottabad, et comment – alors qu’il se trouvait en deuxième position à la tête du commando qui a investi la chambre de ben Laden – il avait pu identifier ce dernier derrière une femme et avait fait feu.
Mais en révélant son identité, Rob O’Neil a brisé le « code » des Navy Seals. Le patron de ce corps d’élite de la Marine américaine, – acronyme de Sea, Air, Land (« mer, air, terre ») qui signifie également « phoque » – avait lancé, peu avant ces révélations, un avertissement sans ambiguïté à ceux qui violent leur tradition du secret. « Une disposition essentielle de notre Code de conduite est « Je ne rends pas publique la nature de mon activité, et je ne cherche pas à obtenir de la reconnaissance pour mes actions. » »
Rob O’Neil est ainsi très sévèrement critiqués par les militaires américains pour avoir cherché la notoriété pour ses faits d’armes. Tout comme l’avait été « Marc Owen », pseudonyme de Matt Bissonnette, un autre commando qui avait raconté en 2012 l’assaut d’Abbottabad vu de l’intérieur.
L’homme qui a tué ben Laden est en tout cas déjà promis à une lucrative carrière de conférencier. Mais il a aussi mis sa vie en danger : dès ses premières révélations, des jihadistes ont lancé des appels au meurtre sur les réseaux sociaux.