Le prési Ibrahim Boubacar Keïta a vu juste ; lui qui a fait des états généraux sur la décentralisation une thématique forte de son projet de société.
Le coup d’envoi desdits états généraux a été donné avant-hier par le Prési de la République lui-même au CICB (centre international de conférence de Bamako) devant 600 participants.
« La crise donne la redoutable occasion d’inventer l’Etat malien, avec en toile de fond la justice et la bonne gouvernance » ; a déclaré entre autres IBK dans son allocution d’ouverture.
Ces mots tombent bien à propos étant donné que pour le citoyen lambda les méandres de la décentralisation ne sont qu’une affaire d’initiés. En effet ; l’analyse qui en est faite tient en une vision dichotomique, contradictoire. Pour nombre d’élus communaux et de citoyens ; « le processus de mise en ouvre de la décentralisation de 1999 à nos jours, laisse apparaître un tableau peu reluisant marqué par des acquis certes significatifs, mais également par des insuffisances et des lacunes notoires » comme l’a laissé entendre le président du haut conseil des collectivités territoriales Oumarou Ag Mohamed Ibrahim Haïdara.
De manière empirique le citoyen moyen estime que le processus de décentralisation a fait le lit d’une nouvelle race de déprédateurs sans foi ni loi. En effet une véritable mafia s’est installée en la demeure. La spéculation foncière prospère sur fond de spoliations ; d’achats-ventes de terrains, d’habitations ; de champs ; de concessions rurales ; de déguerpissements injustifiés. Du point de vue du citoyen lambda ; surtout dans les communes rurales cet état de fait hypothèque le développement de manière générale ; et du développement agro-pastoral en particulier
Pour ces concitoyens qui constituent la majorité de la population ; les assises sur la décentralisation constituent une panacée ; ou en tous cas sont considérées comme telle. A leurs yeux ; l’occasion est opportune pour en finir avec les parrains ou autres barons de la mafia foncière et leurs suppôts disséminés dans les sphères de l’administration. Les espoirs sont immenses à la mesure de la désolation que vivent les populations dont le bétail est interdit de paître devant certaines fermes (ces fameuses propriétés privées) payées à monnaie de singe dans les communes rurales. Ces maliens vivent dans la précarité ; voire le dénuement à cause des pratiques éhontées de la spéculation foncière.
En faisant le choix de la justice et de la bonne gouvernance le prési IBK se situe dans la voie de la refondation de l’Etat ; seul socle de la victoire contre les déprédateurs fonciers qui ont durablement peaufiné leurs méthodes en même temps qu’ils ont avantageusement sécurisé leurs profits sordides dans des planques sûres.
Les recommandations des assises n’auront de prégnance durable que lorsque des solutions radicales ; réactives seront prises en amont dans le domaine du foncier. Ce domaine-ci détermine tout le processus du développement local dans tous les secteurs. Sans la restauration de la justice dans le foncier, la perspective de la quiétude; de la paix et du vivre-ensemble dans nos communes et singulièrement dans nos communes rurales ; cette perspective est vouée à l’échec. IBK est sur la bonne voie suite à la déclaration de guerre à la nouvelle mafia sortie des entrailles de la décentralisation, il bénéficiera du soutien inconditionnel de la majorité des maliens sinon de tous à l’exclusion de nos ennemis.
Balla Tounkara
Le Scorpion 2013-10-23 18:26:26