Le Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba a servi de cadre aux travaux des experts du secteur minier du Mali les 27, 28 et 29 juin 2017. Objectif, dresser sans complaisance l’état des lieux du secteur et dégager des recommandations en vue de plus faire profiter le Mali des immenses potentialités de son sous-sol. La cérémonie d’ouverture des Etats-généraux du secteur minier et pétrolier a été présidée par le Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maiga, accompagné du ministre des mines, Pr. Tièmoko Sangaré. Etaient également présents, des représentants des Partenaires Techniques et Financiers et des professionnels du secteur des mines aussi bien nationaux qu’internationaux.
L’exploitation minière en générale et celle de l’or en particulier constitue une réelle manne financière pour l’Etat malien. Selon des statistiques officielles, l’industrie du métal jaune a permis de créer 14 000 emplois directs. Quant à son exploitation artisanale, elle occupe environ 1 millions de personnes constituant ainsi une réalité incontournable dans le monde rural. La part de l’exploitation de l’or dans le PIB a été de 6% en 2016 alors que dans la même période, sa contribution dans les exportations a été de 55% avec un apport considérable de 334 milliards de F CFA au Trésor Public. Un fait qui rend ce métal la première source de devises du Mali devant le coton. Malgré ces prouesses, le secteur est loin de combler les attentes du pays tant les potentialités sont énormes. C’est le sens donné par le discours du ministre Tièmogo Sangaré lors de la cérémonie d’ouverture des Etats-généraux du secteur minier.
A l’entame de son exposé, il fit un bref aperçu historique de l’or au Mali en faisant allusion au pèlerinage mémorable de Kankou Moussa à la Mecque avec une telle quantité du métal jaune que le cours de l’or a connu une chute vertigineuses des années durant dans cette partie du monde. Selon le ministre Sangaré, « s’il y a bien un emblème qui sied au Mali et à son histoire, c’est bien l’or ». Dans son intervention, le professeur se voulait à la fois pragmatique et optimiste. C’est pourquoi, après avoir fait le bilan de l’essor de la production aurifère au Mali qui est passée en l’espace de quelques années de 500kg/an à 50 t/an avec un pic lors de l’année écoulée de 63 t/an, le ministre a asséné certaines vérités. « Après plus de 30 ans d’exploitation intense de l’or, le secteur connait un essoufflement », a-t-il déclaré. Une autre amère vérité est que le Soudan vient de ravir au Mali, sa troisième place de plus grand producteur d’or en Afrique.
S’agissant de la production artisanale, là aussi, le ministre déplore un certain recul : « hélas, avant, tout le monde venait apprendre chez nous. Aujourd’hui, c’est nous qui partons apprendre chez les autres». Le domaine de l’orpaillage avec son lot de maux sociaux, de pollution de l’environnement notamment au cyanure, d’’insécurité mais aussi à cause d’absence de statistiques fiables, est un secteur où l’autorité de l’Etat doit sévir, a martelé le ministre Sangaré. Sur 3000 autorisations de dragage, seules 22 sont légales. Il s’agit d’actes frauduleux délivrés par des préfets, des sous-préfets ou encore des chefs de village. L’autorité de l’Etat doit aussi sévir pour appliquer dans toute sa vigueur la fermeture des sites d’orpaillage pendant la saison des pluies.
En somme, le ministre Sangaré conclura en disant que les nuages ne cessent de s’accumuler sur le secteur. L’initiative nommée « la petite mine » pourrait être une bonne alternative au chômage des jeunes.
Dans sa brève intervention, le PM Maiga a rappelé que le secteur des mines ne saurait se limiter à l’or seul, bien qu’étant si vital pour le Mali. D’autres minerais sommeillent encore ou presque sous le sous-sol malien, tels que le lithium, le manganèse, le phosphate et même les Terres Rares. De ce fait, a conclu le PM, le secteur minier est loin d’avoir comblée toutes ses attentes.
Les recommandations issues de ces trois jours de travaux sont vivement attendues par le Mali des mines. Mais, elles devront être confrontées à la réalité du terrain avant d’être appréciées.
Ahmed M. Thiam
thiam@journalinfosept.com