C’est à 100 jours de la prochaine élection présidentielle que la présence de l’armée est renforcée au septentrion, preuve des limites des gestions entreprises jusqu’ici pour fixer la paix. Mais au-delà du Nord, c’est tout le pays qui est préoccupé par la tenue d’élections crédibles dont les résultats seront acceptés de tous. En effet, parmi les points de la préparation des élections qui sont restés sans solutions figurent toujours le chronogramme, le couplage de l’élection présidentielle avec le référendum – formule qui pourrait perturber des populations non préparées à affronter de tels défis – et le fichier électoral dont le Gps-2012 et une bonne frange de la société civile ont dénoncé les imperfections. Double préoccupation donc du fait, à la fois, de l’impréparation du scrutin, de sa crédibilité et même l’ inquiétude de le voir reporté pour raisons de troubles.
Du point de vue de la gouvernance, la corruption déjà à ciel ouvert connait un pic en cette fin de mandat où les uns et les autres sont à l’œuvre pour se constituer des matelas confortables, véritables trésors de guerre qui n’est pas sans rappeler l’image du coutelas aiguisé et de l’éléphant agonisant. Les structures de contrôles ? trop pléthoriques, elles ne sont jamais arrivées à en arrêter la prolifération. En fait, les populations ont compris que ni le Vérificateur général, ni les contrôleurs des services publics ne sont bien outillés pour faire face à des corrupteurs bien implantés dans les structures de l’Etat, à moins qu’il ne s’agisse d’un état mental dont une école née de ses cendres pourra résorber, ce qui est loin d’être le cas. Les populations assistent, impuissantes à sa dégradation et à l’hypothèque de l’avenir que cela sous-tendra.
Un tableau peu reluisant que l’insécurité alimentaire aggravée par la pénurie céréalière viendra plomber davantage. Le Commissariat à la sécurité alimentaire, véritable gouffre financier, prenant, plus que de raison, pour alibi la mauvaise pluviométrie, s’est révélée incapable d’anticiper. Lui précisément dont la raison d’être est contenue dans cette propension à se projeter et à projeter l’avenir. Avec en plus la cachoterie inutile de soupeser le réel comme d’autres dans la sous région. Que dire des initiatives avortées de Riz et de pomme de terre !
C’est dire qu’à 100 jours du départ d’ATT, la plupart des grands problèmes du pays sont restés sans réponses, voire sans perspectives. Personne ne sait si les élections générales auront lieu ! Où conduiront les remous actuels au Nord du pays. Bien malin qui dira quand l’école retrouvera ses marques ou quand les Maliens regarderont l’avenir avec sérénité. Un bémol ? Les efforts du président ATT à propos des infrastructures (routes, ponts, et logements sociaux) et un « consensus »de dix ans qui, pour établir la preuve de sa réussite, devra faire que les résultats des élections prochaines ne conduisent à s’entre-déchirer…
Baba Dembélé
Le Républicain Mali 25/01/2012