Le mardi 9 novembre dernier, à 9 heures déjà plusieurs établissements publics d’enseignement fondamental et secondaire étaient dans la rue. Au lycée Prosper Camara la cour s’était presque vidée de ses occupants habituels. Un enseignant que nous avons rencontré devant la porte de la direction de l’établissement nous certifie que suite à une assemblée générale, les élèves ont décidé de repartir à la maison pendant la période de l’avant Tabaski. Au lycée Askia Mohamed également, les élèves se sont octroyés une dizaine de jours d’arrêt des cours. « Les cours reprendront jusqu’à la fin de la fête » nous précise cet élève de la 11ème année série langues et littérature.
Même atmosphère de débrayage aux groupes scolaires de Niomirambougou, Samé, Dar-Salam, l’Ecole du Marché à Hamdallaye, etc. Dans ces établissements, la ferveur de la fête a envahi les esprits. Ici les élèves les plus déterminés à étudier ont vite rebroussé chemin à l’annonce de l’arrêt de travail décrété par certains des leurs.
D’autre part, dans les lycées Bâ Aminata Diallo (LBAD), Askia Mohamed, à 9 heurs déjà, les 90% des élèves avaient vidé la cour de l’établissement. Pour certains, « il s’agit d’une opportunité à saisir pour se reposer », pendant que d’autres, cependant, trouvent le contraire. Interrogée, cette écolière de la 11ème année série science biologique terminale (SBT) estime qu’en des circonstances de ce genre, la meilleure manière d’en profiter est de se mettre à jour dans certains cours ou encore passer plus de temps avec la lecture. Bref, les avis diffèrent selon les élèves.
En clair, dans tous ces établissements scolaires, à l’instar d’autres du district de Bamako et de l’intérieur du pays, l’arrêt des cours semble largement provoqué son effet. Dans les régions, plusieurs établissements publics ne sont nullement en reste de ces sorties de mouvance de fête de Tabaski. Selon les informations qui nous sont parvenues, les ordres d’enseignement de ces localités de l’intérieur ont revêtu leur image des vacances scolaires. Pour nos interlocuteurs, seules quelques écoles privées et jardins d’enfants sont restés ouvert le lundi dernier.
Portes closes pour les salles de classes ; les enseignants qui vaguent à leurs occupations para professionnelles ; d’autres, comme les directeurs d’écoles primaires, assis devant leurs directions pour « passer un peu de temps », les élèves qui retournent à la maison ou d’autres, visiblement plus dévoués au travail, se rendent dans les bibliothèques ou dans les cybercafés, etc.
Tel se dessine l’atmosphère de débrayage qui règne depuis le lundi dernier dans les établissements scolaires publics du secondaire et du fondamental.
Pourtant, rien n’indique que ces sorties des élèves font suite à un quelconque mot d’ordre de grève. Et d’ailleurs, tout porte à croire que ces grèves ressortent de la seule initiative de certains élèves qui se sont installés dans une tradition d’anticipation aux forceps de la fête de Tabaski. Cela, malheureusement, au grand dam des enseignants et des autorités compétentes. Face à une telle situation, difficile de parvenir à bout des objectifs du Forum national sur l’éducation qui se veut une éducation de qualité fondée sur des valeurs comme la stabilité dans l’espace scolaire, la performance à travers un enseignement de digne du nom. Face à la question le ministre de tutelle, Salikou Sonogo, est plus qu’interpellé.
Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Renouveau 10/11/2010