L’affaire remonte à la mi-février 2011. Sangaré Modibo reçut un coup de fil d’un certain Soumaré. Celui-ci se présente comme l’une de ses connaissances, avant de lui rappeler que, courant 2009, il était passé le voir pour une fourniture de gravier. N’étant pas à mesure de satisfaire sa commande, Asmoud Aslam, Ali Ben et lui étaient venus lui remettre la somme de 150 000 FCFA. Cette transaction lui ayant laissé une très bonne impression, Soumaré proposait donc à Sangaré de devenir le représentant d’un groupe allemand qui avait son siège à Paris et dont il était un collaborateur.
Peu après, Sangaré reçut le coup de fil d’un certain Serge Dumont, lequel se présentait comme le Directeur du groupe. Mais il parlait avec un fort accent arabe. Il l’informait aussi que son groupe voulait créer une représentation au Mali et que, conformément aux recommandations de Mohamed Soumaré, son choix s’était porté sur lui. Le lendemain, un autre coup de fil annonça l’arrivée imminente à Bamako du DG, un certain David, alors en tournée au Maghreb. Effectivement, il contacta Modibo pour lui dire qu’il se trouvait au Grand Hôtel. Rendez-vous fut pris pour le lendemain.
Après cette rencontre, et alors que Sangaré attendait de la documentation sur la société, Soumaré lui envoya un mail proposant une transaction portant sur une terre rare, le Terbum, dont un vieux, au Sénégal, serait possesseur. Tous les trois mois, disait-il, le Groupe avait besoin de ce produit pour la fabrication d’ampoules à basse communication, d’écrans informatiques, de voitures électriques et de boites noires d’avions.
Pour mieux appâter sa victime, Soumaré lui affirma que c’était feu le ministre Mohamed Lamine Traoré qui servait jusqu’à là d’intermédiaire entre le groupe et le vieux Sénégalais. Il lui communiqua alors le numéro de celui-ci. Le même jour, Dumond l’appela pour lui demander de fournir 200 sachets de Terbum au groupe. Sangaré contacta aussitôt le vieux qui lui assura qu’il était en mesure de livrer le produit. Sangaré, à son tour, rassura Dumond, qui lui demanda de prendre toutes les dispositions pour acquérir le produit qui lui serait payé en liquide dès livraison.
Sangaré passa commande et le vieux lui dit qu’il mettrait ses deux fils en route pour Bamako dès le lendemain. Mais il avait besoin de 600 000 FCFA pour couvrir les frais de déplacement. Sangaré fit aussitôt l’envoi de 400 000 FCFA via EcoBank, le 26 février 2010. Son interlocuteur l’informa ensuite que ses enfants étaient déjà en route. Quelques heures après, un certain Thierno Pathé Dia contacta Sangaré. Il se présenta comme étant le fils du vieux et déclara que son père lui avait ordonné de ne pas livrer le produit tant qu’il n’aurait pas payé la somme de dix millions de FCFA.
Sangaré fit donc deux nouveaux envois par EcoBank, le 1er et le 2 mars, pour la somme de 2 000 000 FCFA. Soumaré le relança peu après, lui demandant de ne plus s’occuper du vieux, car le produit lui serait livré chez lui le lendemain à 10 heures. Quant à l’équipe, elle devait quitter Paris pour Bamako le même jour.
Vers 15 heures, Soumaré rappela pour dire que l’équipe n’avait pu embarquer avec les liquidités nécessaires, et allait donc procéder à un virement bancaire en sa faveur. Quelque temps après, Dumond rappela Sangaré pour lui annoncer que le virement bancaire n’étant pas possible, ils allaient procéder comme ils en avaient l’habitude, c’est à dire envoyer l’argent (200 millions de FCFA en euros), caché dans deux ordinateurs, via le Bénin. Sangaré lui répondit qu’il préférait un virement bancaire. Le vendredi matin, contre toute attente, une dame l’appela du Bénin pour l’informer que son colis était déjà arrivé et demandait 325 000 FCFA pour les frais d’envoi. Sangaré répondit qu’il n’avait pas envie de recevoir ce colis.
Deux minutes plus tard, Soumaré, d’un ton menaçant, lui reprocha de vouloir faire capoter une belle affaire à cause de la modique somme de 350 000 FCFA. Sangaré proposa alors d’envoyer l’un de ses collègues résidant au Bénin récupérer le colis. Soumaré répliqua qu’il n’était pas question qu’une tierce personne entre dans cette affaire. Sangaré, qui se doutait déjà de quelque chose, présenta les documents envoyés par le groupe à l’un de ses frères. Celui-ci lui fit observer que c’étaient des faux.
Soumaré fut donc interpellé. Il a non seulement avoué les faits mais aussi dénoncé ses deux complices, Amoud Aslama et Ben ali. Etrangement, ces deux citoyens libyens ont déjà été élargis, alors que l’affaire doit être tranchée par la justice incessamment.
Pierre Fo’o Medjo
Le 22 Septembre 09/01/2012