Le Collectif des élus des trois régions du Nord – Gao, Tombouctou et Kidal – ont animé, vendredi dernier, une conférence de presse, à l’Hôtel Azalaï Nord-Sud. Parmi les conférenciers, on notait les députés : El Hadj Baba Haïdara dit Sandy, élu à Tombouctou (principal animateur), Nock Ag Attia, député de Diré, Abdoul Malick Diallo,Député élu à Ansongo, Oumar Boury Touré dit Billy, député de Goundam, Abdou Sidibé, député de Gao et le maire de la cité des Askia, Sadou Harouna Diallo. A l’occasion, ils ont lancé un signal de détresse à l’endroit de la Cedeao. En effet, les constats du collectif des élus sont amers. Alors qu’il est question de la priorité à accorder au Nord Mali, a dit El Hadj Baba Haïdara, ils ont entendu le Premier ministre de la transition Cheik Modibo Diarra dire : ‘’ tout le Mali a des problèmes ‘’.
De la même manière, en entendant l’intervention du ministre de la Communication, de la poste et des nouvelles technologies, porte- parole du gouvernement, Hamadoun Touré, à la télévision nationale, le collectif des élus du Nord affirme avoir compris que sa priorité était l’instauration de l’autorité de l’Etat plutôt qu’autre chose…… ‘’ Pour nous, a dit Baba Haïdara, la priorité c’est l’intégrité territoriale, s’occuper de ce qui se fait à Bamako, c’est oublier le Nord en détresse. ‘’ Le collectif s’est dit inquiet de la lenteur de l’acheminement des besoins par le couloir humanitaire. A ce propos, il a demandé de diversifier l’assistance humanitaire, car, outre l’alimentation et les médicaments, ont dit les élus, les agriculteurs, en cette période de l’année, ont besoin de semences et d’intrants. Ils se sont, aussi, inquiétés de l’interception des vivres du couloir humanitaire par le Mnla. Le collectif a recensé les populations déplacées aussi bien à l’intérieur du pays que dans les villes, au nombre de 600 adultes et 7911 enfants. Ce qui fait des domiciles de certains ressortissants du Nord, a expliqué le collectif, des campements.
A propos de l’intervention de la CEDEAO, El Hadj Baba Haïdara a martelé : ‘’ Le Nord est abandonné par l’armée. Nous sommes fiers de notre armée, de notre indépendance… mais personne ne s’attendait à cette situation malheureuse de l’armée. ‘’ Il a insisté sur l’urgence de l’arrivée de la Cedeao qui a signé des conventions avec le Mali. Ces conventions, a-t-il dit, soulignent que même si le Mali ne le demande pas, la Cedeao devrait intervenir.
Concernant la médiation, les élus ont affirmé : ‘’ la majorité des populations sédentaires du Nord ne doit pas être mise à l’écart, pour la médiation. ‘’ Et de lancer : ‘’ vite, vite, vite la Cedeao, venez libérez le Nord, venez aider l’armée du Mali ! ‘’ Le collectif a soutenu que l’urgence était d’autant plus manifeste qu’à Tombouctou, des mausolées, dont celui de Cheikh Sidi Mahmoud ben Amar, ont été saccagées par Ansar Dine et que les exactions continuent. Le député Abdoul Malick Diallo a tenu à rappeler les diverses interventions des députés, notamment avant les attaques au Nord du pays. Le député Nock Ag Attia a recommandé l’unité de tous les Maliens pour venir à bout de l’occupation du Nord.
Oumar Boury Touré dit Billy a, recommandé, entre autres, de conduire les actions en cohésion avec les autorités, notamment avec le président par intérim et le Premier ministre de la transition. Et pour ce faire le collectif a déclaré qu’il se mettait à la disposition des autorités. Les journalistes ont posé des questions relatives à l’agression des populations quittant le Nord du Mali pour se rendre à Bamako, aux dernières résolutions de la Cedeao issues du sommet extraordinaire, aux députés qui ont rejoint le camp des rebelles, à la médiation, leur sentiment par rapport à la déclaration du Premier ministre. Sur ce dernier point, le collectif a tenu à préciser que Cheik Modibo Diarra, a fait une déclaration qu’il juge mal inspirée et qu’ à ce titre il a raté sa sortie.
Pour autant le collectif n’a pas l’intention de déposer une motion de censure contre lui. Concernant les députés qui ont rejoint les agresseurs, le collectif a fait savoir qu’il avait demandé une enquête pour la levée de leur immunité parlementaire. A propos du contenu des négociations à mener avec les forces d’occupation, El Hadj Baba Haïdara a soutenu : ‘’ que l’on boute les occupants du territoire du Mali, on n’a rien d’autre à négocier que cela. ‘’ Répondant à une question relative au pouvoir actuel, le maire de Gao, Sadou Harouna Diallo, a fait remarquer : ‘’ il n’ya qu’un commandant à bord, c’est le capitaine Sanogo. ‘’
Baba Dembélé
Le Républicain Mali 07/05/2012
