Le seul hotspot de Lampedusa héberge actuellement 1 500 migrants, pour une capacité initiale de 350 places. Un chiffre certes élevé mais pas exceptionnel pour cette île italienne située en mer Méditerranée, qui voit arriver chaque année des milliers d’exilés. Le nombre de débarquements reste néanmoins bien moins important qu’il y a cinq ans.
Comme tous les étés, les traversées de la Méditerranée ne connaissent pas de répit. Avec les beaux jours et une mer calme, les migrants sont plus nombreux qu’en hiver à tenter de rejoindre les côtes européennes depuis le nord de l’Afrique sur des embarcations de fortune.
Pour les seules journées de mardi 5 et mercredi 6 juillet, plus de 1 000 personnes sont arrivées à Lampedusa. Le seul centre de l’île italienne accueille ainsi quelque 1 500 migrants alors que sa capacité initiale n’est que de 350 places. La majorité des occupants sont des Égyptiens et des Tunisiens, mais on compte aussi des exilés originaires d’Afrique de l’ouest.
« La situation est difficile en ce moment car le hotspot est surpeuplé et certaines personnes sont obligées de dormir dehors, sous une chaleur intense », explique à InfoMigrants Flavio du Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Ce dernier est en visite de deux jours à Lampedusa avec le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et l’Unicef pour « identifier les cas les plus vulnérables, observer leurs conditions de vie et analyser leurs besoins spécifiques ».
28 000 arrivées depuis janvier, contre 83 000 en 2017
Si le débarquement d’un millier de migrants en quelques jours à Lampedusa peut paraître important, le chiffre n’est en rien exceptionnel. Ces arrivées sont fréquentes sur cette île italienne située à une centaine de km des côtes tunisiennes. Ce territoire italien est le lieu d’entrée dans le pays de bon nombre d’embarcations parties de Tunisie mais aussi de Libye.
Mais, « on a vu bien pire les années précédentes », rappelle Flavio Di Giacomo. Entre le 1er janvier et le 30 juin, plus de 28 000 personnes sont arrivées en Italie par voie maritime, dont 12 000 à Lampedusa, selon l’ONU.
Un chiffre bien en deçà des quelque 83 000 migrants enregistrés à la même période de 2017 sur tout le territoire italien. « Cette année, les débarquements sont très limités et nettement inférieurs aux périodes les plus intenses du passé », insiste le porte-parole de l’OIM.
Une mauvaise organisation des sauvetages
La congestion du hotspot de Lampedusa s’explique en revanche par une mauvaise organisation des sauvetages en mer et de la répartition des naufragés ces dernières années. De 2015 à 2019, l’opération européenne Sophia patrouillait dans les eaux italiennes et portait assistance aux migrants en détresse. Lorsque les exilés étaient secourus par les navires militaires européens, ils étaient ensuite transférés le plus souvent en Sicile ou en Calabre.
Désormais, les sauvetages – quand ils ne sont pas opérés par des navires humanitaires – se font au cas par cas par des plus petits bateaux dirigés par les garde-côtes italiens. Leurs vedettes sont moins équipées pour prendre en charge un grand nombre de personnes et pour parcourir de longues distances. Les rescapés sont ainsi quasi systématiquement déposés sur la petite île méditerranéenne.
« Lampedusa est située au centre de la Méditerranée, c’est un radeau de survie », avait déclaré en juin le nouveau maire de Lampedusa, Filippo Mannino. L’édile n’avait pas manqué de plaider pour un système de transit des exilés de l’île vers d’autres lieux d’accueil rapide et efficace. « Notre tâche est de sauver les gens et de leur donner un premier accueil. Ce que nous demandons, c’est que le hotspot fonctionne comme un lieu de transit. Après le premier accueil, le mécanisme de transfert des migrants vers d’autres régions d’Italie ne doit jamais être bloqué, sinon nous ne pourrons pas gérer la situation », avait-il dit à Radio Cusano Campus.
Leslie Carretero
Source: InfoMigrants