Mario Giro, de la Communauté de Sant’Egidio, a été vice-ministre des affaires étrangères en charge de l’Afrique. Le choix de l’émigration pour les jeunes Africains, dit-il, c’est le choix le plus raisonnable. Sur un continent où la violence et la guerre sont privatisées.
Par son rôle de médiateur au sein de la communauté de Sant’Egidio depuis plus de trente ans, et son rôle de vice-ministre dans le gouvernement d’Enrico Letta, Mario Giro a sillonné l’Afrique et mesuré les bouleversements du continent. Il revient sur ce que représente la question migratoire pour le Pape, et les défis qui nous sont posés.
Que représente le thème des migrations pour le pape François ?
C’est un thème très important pour lui. Pas seulement pour des raisons d’urgence humanitaire. Le pape croit que nous sommes dans un moment de changement d’époque, les gens bougent à cause des injustices et des inégalités. Au sommet des religions que Sant’Egidio vient d’organiser à Berlin, j’ai été frappé par un témoignage. Celui de Zohra, une jeune Afghane sauvée par les couloirs humanitaires de Sant’Egidio. Elle nous a dit : « Vous les Européens, vous croyez que nous sommes à la recherche d’un futur meilleur. Ce n’est pas cela. Nous sommes à la recherche d’un futur ». C’est très important pour nous de comprendre qu’il n’y a plus de distinctions entre ce qu’on appelle migration économique ou pas. Le Pape est déjà au-delà. Finalement, les migrants sont comme les pèlerins d’un monde nouveau qui s’approche.
Source:Ouest France/Laurent MARCHAND.