-Que représente aujourd’hui le Mouvement Pionnier au Mali ?
Hamèye Founé Mahalmadane : Le Mouvement Pionnier représentait et représente aujourd’hui encore une forme d’éducation et d’encadrement de la jeunesse afin de favoriser la formation civique, morale, physique et pratique des enfants, des adolescents et des jeunes. Il œuvre à faire des jeunes du Mali des citoyens accomplis et soucieux des problèmes de leur patrie et à y trouver des solutions idoines.
Il faut rappeler que le Mouvement pionnier a vu le jour en avril 1960 avant de se muer en Association des pionniers du Mali (APM) en juillet 1994. Il jouit d’un statut d’utilité publique depuis 1996. Aujourd’hui, l’APM s’attache à compléter l’éducation familiale et scolaire par l’organisation de loisirs sains ; à préparer les jeunes à participer à la vie active par la valorisation d’activités pratiques de production. Elle développe en eux le sentiment patriotique, le dévouement et l’esprit de sacrifice. Malheureusement, depuis la réforme de 1994, le Mouvement marque le pas.
-Quel peut être l’impact de l’instruction civile et morale sans l’implication du Mouvement Pionnier ?
H.F.M : L’instruction civique et morale est une composante essentielle de l’éducation pionnière. C’est vous dire que son enseignement sans l’implication du Mouvement pionnier réduirait les effets escomptés en minimisant les chances d’atteindre les objectifs assignés. L’expérience du Mouvement Pionnier est donc essentielle à l’efficacité des objectifs visés par l’enseignement de l’instruction civile et morale.
-Quel peut être le rôle et la place du Mouvement Pionnier dans l’Education et l’éveil des consciences des jeunes, de façon générale ?
H.F.M : La mission du Mouvement Pionnier consiste à rassembler sans distinction d’origine ethnique, sociale ou religieuse les enfants et les jeunes d’horizons divers ; à inculquer aux jeunes l’amour de la patrie et du travail bien fait ; à servir de pépinière pour la formation de futurs cadres de la nation dans une atmosphère attrayante de vie en groupe.
Sa place est donc prépondérante dans l’éducation et l’éveil des consciences des jeunes dans l’histoire du Mali. Grâce à ce mouvement, la jeunesse évoluait donc avec la connaissance de sa patrie et de toutes ses composantes. Ce qui maintenait en elle l’amour de la nation. Les valeurs défendues pas le mouvement étaient aussi de nature à faire du Malien un vrai patriote depuis son jeune âge. Cela est d’autant important qu’il n’y a pas de nations fortes, sans une jeunesse citoyenne et responsable.
-Que faut-il faire aujourd’hui pour redonner au Mouvement Pionnier du Mali ses lustres d’antan ?
H.F.M : Pour redonner au Mouvement Pionnier ses lustres d’antan, il est plus que jamais nécessaire de le réactiver à l’école. Tout comme la dynamisation des activités pionnières dans les institutions socio-éducatives (Maisons des Jeunes, Foyers des Jeunes, Camps de Jeunesse, etc.) ainsi que le recyclage et la formation des cadres pionnier sont indispensables. L’érection du Mouvement Pionnier en structure personnalisée figurant dans l’organigramme du Ministère de la Jeunesse et des Sports est également une impérieuse nécessité. Nous sommes aujourd’hui convaincus que cette organisation est besoin d’un nouveau cadre législatif afin d’être mieux opérationnelle en contribuant à l’éveille des consciences à tous les niveaux de notre société. Cela peut-être aussi de nature à élargir sa vision. Ainsi, en plus de la formation à la citoyenneté, l’éducation pionnière peut s’ouvrir à la démocratie, la décentralisation et la bonne gouvernance. Cela permettra ainsi que préparer notre jeunesse à faire face aux défis nationaux, sous-régionaux et internationaux.
-Quelle orientation faut-il donner au Mouvement Pionnier pour relever le défi du réarmement moral dont le pays doit faire face présentement ?
H.F.M : Pour relever le défi du réarmement moral dont le pays doit faire face présentement, il faut mettre l’accent sur le civisme et l’esprit patriotique dans l’éducation pionnière. Notre jeunesse a plus que jamais besoin de réarmement moral. Et on ne peut pas se permettre de faire l’économie de ce réarmement moral dans la situation actuelle du pays. Il faut nécessairement inculquer aux jeunes du pays les valeurs morales et sociales toujours défendues par le Mouvement Pionnier.
-Le Mouvement Pionnier doit-il se limiter à l’école seulement ou s’étendre à l’ensemble des jeunes du Mali ?
H.F.M : Je le disais tantôt, l’un des atouts du Mouvement Pionnier est de rassembler les enfants et les jeunes d’horizons divers sans distinction d’origine ethnique, sociale ou religieuse… Le Mouvement Pionnier ne doit pas se limiter à l’école seulement. Il doit s’étendre également à l’ensemble des jeunes du Mali, en évitant d’être sélectif et développer ainsi la marginalité juvénile qui pourrait créer un déséquilibre social fâcheux dans les cercles juvéniles.
N’empêche que l’école est un précieux tremplin pour relancer ce mouvement. C’est une phase importante avant de l’étendre à toutes les couches juvéniles du pays, aussi bien ceux des villes que des zones rurales.
-En quoi le Mouvement Pionnier peut-il consolider l’unité et la cohésion sociale dans notre pays ?
H.F.M : Le Mouvement Pionnier peut contribuer à consolider l’unité et la cohésion sociale dans notre pays à travers l’organisation des camps nationaux, régionaux et locaux des pionniers ; la sensibilisation des jeunes dans les institutions socio-éducatives et pendant les échanges inter-jeunes… Il s’agit là de nombreux cadres d’échanges et d’opportunités de brassage ne pouvant que raffermir davantage les liens d’amitié et de fraternité entre les jeunes d’une même nation. Ne serait que pour cela, il est le creuset de l’unité nationale.
-Quelle relation comptez-vous établir avec les Ministères de l’Education pour booster le Mouvement Pionnier à l’Ecole ?
H.F.M : Pour booster le Mouvement Pionnier à l’école, le Ministère de la Jeunesse et des Sports compte établir avec les différents Département de l’Education, notamment le Ministère chargé de l’Alphabétisation, des Langues nationales et de l’Instruction civique, un partenariat fructueux dans la perspective de promouvoir le Mouvement Pionnier. Cela est d’autant nécessaire que l’une de nos priorités aujourd’hui est de relancer ce mouvement à partir de l’Ecole. Il s’agira surtout de redéfinir un chronogramme d’activités pertinentes allant du renforcement des ressources disponibles à la réglementation du cadre législatif.
MINISTERE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS
Cellule de Communication
Le Scorpion 01/10/2012