Notamment par le MNLA dont le vice-président Mahamadou Djéry Maïga évoque dans un entretien en bâtons rompus avec notre rédaction ce qu’ils veulent mettre sur la table des négociations pour, dit-il, « la construction du Mali nouveau« .
Pour le vice-président du MNLA, Mahamadou Djéry Maïga, « rien ne bloque désormais le processus de négociation d’une paix durable » après la signature la semaine dernière d’une plate forme à Alger par les trois principaux mouvements armés le MNLA, le HCUA et le MAA.
« Nous venons d’enregistrer d’importantes avancées à Alger. Nous avions réaffirmé d’aller aux négociations sans attendre et nous venons réaffirmer l’unité et l’intégrité du Mali. Dès que nous avons accepté l’intégrité du Mali, je pense qu’il n’y a plus de problème. Nous avons mis la balle dans le camp du gouvernement ».
« La corruption est à l’origine de la crise du Nord«
Pour lui, « il faut vite aller à la table des négociations pour discuter de nos revendications qui restent légitimes, car touchant la vie des populations de l’Azawad qui sont confrontées à des problèmes de faim et de soif après plus de 50 ans d’indépendance. La plupart d’entre elles se sont exilées au Niger, en Algérie, en Mauritanie, au Ghana et même au Bénin et au Togo ». Il souligne que leur combat est contre un système de gestion qui a toujours détourné les financements faits au nom des populations de l’Azawad.
« On sait pourquoi on traine les pieds pour les négociations. On dit qu’on a investi des milliers de milliards au nord, qu’on vienne nous montrer où on a mis cet argent. On ne veut plus de cette gestion et on veut être les acteurs et les premiers responsables de notre développement. Notre logique a toujours été celle du développement », insiste-t-il ajoutant que « nous n’allons pas renoncer à ce combat. Nous voulons être les acteurs de notre destin. Comme a dit le président Sékou Touré, sans responsabilité pas de dignité ».
« Nous voulons un système d’Etat fédéral avec deux entités«
Le vice-président du MNLA, Mahamadou Djéry Maïga explique qu’ »on ne peut pas ne pas changer la gestion du pays, car l’actuel système de décentralisation a montré ses limites ». Il révèle que les mouvements armés vont mettre sur la table des négociations « la mise en place d’un système fédéral avec deux entités le Sud et l’Azawad avec un Etat au-dessus de nous tous. Aujourd’hui, il est évident que l’armée malienne ne peut plus assurer la sécurité de nos populations. Il faut aussi tenir compte des réalités du pays dans la gestion du pays. Avec 2/3 du territoire, il faut trouver une formule pour qu’il ait un système d’alternances à la tête de l’Etat ».
Il dénonce les pratiques du passé des intégrations et des galons qui ont permis à quelques individus de s’enrichir au détriment des populations. « C’est pourquoi, nous voulons des négociations avec des groupes qui sont en belligérance et non des groupes créés par des gens à Bamako pour avoir leur part du gâteau ».
« Les jihadistes venus de l’extérieur se sont installés depuis les 1996″
M. Maïga se dit scandalisé par les accusations contre le MNLA. « On dit que nous avions amené les terroristes au Mali. Les djihadistes venus de l’extérieur se sont installés depuis les 1996 et on les a laissés faire. Je vous rappelle que le MNLA a la première victime des djihadistes. Depuis notre création, nos cadres sont les cibles privilégiées des terroristes. J’étais enseignant à Kidal et président du Syneb (Syndicat national de l’éducation de base), j’ai vu les terroristes chasser les enfants et les enseignants de l’école au su et au vu de tout le monde ; tuer des cadres (cas du colonel Lamana) et des innocents et commencer à s’installer et à créer des couloirs de trafic. Pendant que la Mauritanie luttait contre eux, le Mali laissait faire et fermait les yeux.
« Nous sommes vraiment désolés de ce qui vient de se passer à Kidal »
Il déclare que « nous sommes vraiment tristes pour ce qui vient de se passer à Kidal et nous avons tout fait pour l’éviter. Nous avons accepté l’intégralité du Mali. Depuis le 6 avril 2012, nous n’avons pas tiré une seule balle. La guerre n’a jamais été une solution, c’est un moyen à court terme. Nous avions toujours privilégié le dialogue, la négociation. Nous ne souhaitions jamais utilisés les armes pour avoir ce que nous voulons pour les populations de l’Azawad. Pour les événements du 17 et 21 mai, nous avions dit au gouvernement. Nous avions appelé pour dire que la situation n’est pas encore réunie pour la visite du PM, mais on ne nous a pas entendus. Et avions pris Serval et la Minusma a témoin, ainsi que le médiateur Nous sommes sincèrement malheureux pour les morts.
Et ceux qui sont morts n’ont pas ni éventrés ni égorgés. Les blessés peuvent témoigner et savent qu’on a tout pour les sauver. Nous sommes convaincus que l’armée malienne dans son état actuel ne peut pas assurer la sécurité des régions du nord qui sont toujours, aujourd’hui plus que jamais sous la menace des terroristes. C’est pourquoi, nous voulons désormais continuer à assurer la sécurité de la population de l’Azawad ». En tout cas, jusqu’à la signature d’un accord global et définitif entre les mouvements de l’Azawad et le gouvernement.
« Nous ne demandons le départ de personne ! Il faut sauver le Mali »
Pour Mahamadou Djéry Maïga, « ce n’est pas une question de personne. Nous combattons un système, une manière de gérer les fonds publics, de distribuer la justice et de traiter la justice. Par exemple pour l’armée, on ne peut pas avoir de vrais combattants tant qu’on continue un système de quota, quand les galons sont achetés ou distribués aux fils des plus riches et des hauts gradés. On veut changer tout ça à l’Azawad. Nous sommes convaincus que nous pouvons relever ce défi. Je tiens à dire que nous ne demandons le départ de personne ! Il faut sauver le Mali ».
« Maintenant, il faut aller vite aux négociations »
« Ce que nous demandons aujourd’hui au gouvernement, il faut aller vite à la table de négociation. Nous ne voulons plus jamais d’accrochages avec l’armée malienne. Nous perdons tous quand un seul soldat meurt. Nous ne sommes ni heureux ni fier de ce qui s’est passé à Kidal les 17 et 21. C’est pourquoi, il faut aller a la négociation quelque soit le temps que ça prendra. Nous voulons garantir à nos populations la paix et la sécurité et faisons appel à tous les mouvements de se retrouver. Que Dieu nous châtie si nous avons d’autres objectifs personnels ».
DAK
SOURCE: L’Indicateur du Renouveau du 16 juin 2014.