L’arrivée du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) dans la ville de Kidal le lundi dernier sans coup de feu est perçue comme une agréable surprise pour certains observateurs et d’autres restent sceptiques sur la facilité de cette entrée de l’ennemi juré de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Il a été constaté lundi dernier qu’une colonne de 50 véhicules de Gatia a fait son entrée dans la ville de Kidal. Cette arrivée, selon les cadres du mouvement, s’inscrit dans le cadre de l’application de l’accord d’Anefis, signé entre la CMA et le Gatia, le 16 octobre 2015.
Cette entrée de Gatia à Kidal, qui s’est faite « avec le consentement de la CMA », est considérée pour certains comme une avancée dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et devra permettre de restaurer la confiance entre la CMA et le Gatia. « C’est vraiment la paix qui est en marche. Nos frères de la Plateforme [coalition de groupes soutenant le gouvernement] sont avant tout des parents. Ils sont venus à Kidal avec bien sûr notre feu vert ! Même si leur entrée a un peu fait peur à certains », s’est félicité le député Hamada Ag Bibi, un membre de la CMA à nos confrères de Le Monde.
En plus de l’espoir de paix de l’honorable Ag Bibi, Ousmane Traoré, membre de société civile, trouve que cette nouvelle est un bon départ pour le retour de la paix conformément à l’accord. « C’est déjà un bon début pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix. Cela montre qu’il y a de l’espoir pour retrouver ce Mali qu’on a connu, où on peut se rendre dans n’importe quelle partie de notre territoire sans risque de se faire tirer déçu », s’est-il réjoui.
Et pourtant d’autres ne voient pas la chose de la même façon, ils restent perplexes sur cette entrée du Gatia dans la ville de Kidal et voient même un complot contre l’Etat malien. Selon M. Cissé, journaliste, qui s’est beaucoup investi dans ce dossier, l’Etat doit rester vigilant face à cette situation.
« Il faut craindre le fait qu’aujourd’hui il y a ce qu’on appelle une entente sur le dos de l’Etat malien, une entente sur le dos des Forces armées maliennes entre ces 2 entités qui, hier, donnaient l’impression d’être en belligérance ».
Ce qui fait de cette rentrée pour lui est un non-événement. « C’est un non-événement, le Gatia et la CMA travaillent ensemble et ils n’ont jamais été opposés malgré tout ce que les gens pensent. Aujourd’hui l’entrée dans la ville de Kidal sans résistance montre que Gatia, la CMA c’est un même compartiment qui travaille ensemble, peut-être l’autre à la facilité de distraire les Maliens et l’autre sa position est connue ».
Face à cette situation et la condition dans laquelle le Gatia est entré à Kidal, l’Etat malien doit faire face à ses responsabilités. Cette rentrée du Gatia dans le bastion de la CMA, Kidal, est une erreur de casting dans la mise en œuvre de l’accord, car cette entrée devait concerner en premier lieu l’armée malienne, l’administration et les services sociaux de base. Certes le Gatia a été d’un soutien de taille pour l’Etat malien à un moment donné du conflit qui opposait les frères maliens, mais la réalité est que le Gatia n’est les FAMa.
Youssouf Coulibaly