L’imam Mahmoud Dicko a –t-il abandonné sa mosquée pour reprendre le boulevard de l’indépendance ? Serait-on tenté de se poser comme question car il continue, dans un rôle politique, de chatouiller le régime en place. Dans sa campagne pour le retour des civils au pouvoir après le récent report unilatéral des élections par les autorités, qui justifient d’ailleurs ce report par des raisons techniques, le leader politico-religieux, n’en finit pas de parler de lui-même et de fourrer son nez dans les affaires publiques. Au point que ses réelles intentions restent sujettes à beaucoup de précisions et de discussions .Si ses ambitions politiques ne souffrent d’aucun doute pour certains, le célèbre imam de Badalabougou serait dans un rôle citoyen pour d’autres. Quoi qu’il en soit, les actes du guide religieux sont observés de près et sa démarche ne semble laissé personne indiffèrent.
Mahmoud Dicko et ses partisans avaient prévu une marche contre les autorités le 13 octobre 2023 et ils ont fini par annuler leur manifestation à la demande du Président du Haut Conseil Islamique du Mali Chérif Ousmane Madani Haïdara. Il faut le reconnaitre que ce n’est pas sa première fois de faire des manifestations. Qui ne se rappelle pas de ses appels à manifestation contre la mauvaise gouvernance sous le régime d’IBK. L’une des grandes manifestations qui reste dans les annales de l’histoire est sa grandiose mobilisation du 5 avril 2019, qui avait eu comme conséquence la démission du premier ministre d’alors Feu Soumeylou Boubèye Maiga.
Avant cela il y avait eu le grand meeting en février 2019 au stade du 26 mars, devant un stade plein à craquer il a livré un message fort aux autorités d’alors contre l’homosexualité et le recul de la religion musulmane. Il est à rappeler que c’est après son départ de la tête du Haut Conseil Islamique du Mali en avril 2019 que l’imam s’est rapproché véritablement de l’arène politique.
Mahmoud Dicko incompris ou confus dans son combat ?
Mahmoud Dicko, connu pour ses prises de position politique et cela depuis le temps d’ATT semble être incompris par un grand nombre de maliens qui le voient beaucoup plus comme un leader religieux qu’un homme politique. Pour ses détracteurs il est dans un combat qui ne colle pas aujourd’hui avec les réalités du peuple malien qui aspire au Mali Koura, donc il est vu comme un opposant au régime actuel. Pour ses partisans, qui lui collent à la peau lez sobriquet d’autorité morale, l’imam Dicko est un fervent défenseur de la cause des pauvres et des démunis et toutes ses actions s’inscrivent en droite ligne de la défense des intérêts du peuple malien. Il empêche les autorités de tourner en rond. Entre ces deux postures et ces deux jugements opposés faut-il comprendre l’imam ou le blâmer ?
En définitive, l’imam doit jouer un rôle d’équilibrisme et de veuille citoyenne, mais pas d’opposition, pour que les autorités de la transition ne puissent pas dérouter. Ses conseils pourraient être utiles surtout par ces temps d’incertitude qui courent afin de sauver le Mali d’un effondrement.
Assitan DIAKITE
L’alternance