Enseignement supérieur : une priorité négligée pour les autorités Malienne

 

Ce débat était animé par le Pr. Drissa DIAKITE, conseiller technique au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique; le Dr Brehima DEMBELE, directeur général de l’Institut d’économie rurale (IER); Wateni DIALLO, vice-recteur de l’USTT; Adama Diaman KEITA, recteur de l’USTT; et Modibo HAIDARA, enseignant chercheur.
Au cours de ce débat, il est ressorti des échanges que notre enseignement supérieur est malade malgré les multiples efforts déployés par les décideurs public.

L’Enseignement supérieur, selon Drissa DIAKITE, est le socle du développement de toute société moderne. Car, permettant d’augmenter le revenu d’un pays et les gains des individus.
« Autant la terre reste la première source de richesse et de revenu dans les sociétés agricoles, dans les sociétés  industrielles, le capital et les machines ont pris le pas. Dans nos sociétés de l’information, le savoir est le moteur de la croissance économique », a-t-il souligné.

C’est pourquoi, le Pr. DIAKITE ne pense pas moins que la crise que nous vivons actuellement dans notre pays est avant tout celle de la qualité de nos ressources humaines qui sont l’émanation de notre enseignement supérieur.

Le future  du Mali passe inéluctable par l’amélioration de la qualité de notre enseignement supérieur, a martelé le Pr. DIAKITE. En effet, ajoute-t-il, les infrastructures dans un système d’enseignement supérieur ne se résument pas seulement aux murs, mais aux équipements, laboratoires, bibliothèques, etc. Toute chose qui manque cruellement dans notre contexte.
Aussi, même l’existant, en termes d’infrastructures d’accueil au sein de nos établissements d’enseignement supérieur, est-il déplorable, selon lui.

Des effectifs pléthoriques qui croient à un rythme exponentiel sans que les investissements ne suivent (plus de 108 000 étudiants pour l’ensemble des universités avec souvent un ratio d’un étudiant pour 150 étudiants). Personne n’avait prévu une telle croissance, a-t-il souligné.

Pour faire face à cette situation, le gouvernement est obligé de procéder à des locations de salles de classe, à travers la ville (le pavillon du Stade omnisports de Bamako, la salle de cinéma «Bakaina» à Sogoniko, le palais de la Culture à Badalabougou…). Malgré tous ces efforts, des étudiants retardataires prennent leurs cours à la fenêtre.  Ils sont communément appelés des ‘’Maliens de l’extérieur’’ dans le jargon universitaire.

Selon le directeur général de l’IER, on ne peut pas se réjouir de la qualité des produits de notre enseignement supérieur à ces temps-ci. En tant que responsable d’une structure de recherche, M. DEMBELE a indiqué que sa structure était un partenaire de l’enseignement supérieur. Car, enseignement et recherche vont de pair.

Ce qui veut dire que si le premier est bon, la situation s’améliore également au niveau du second. «Les chercheurs qui nous arrivent prennent souvent du temps pour d’adapter aux réalités», a-t-il argumenté. Il n’est pas superflu de rappeler que l’Enseignement supérieur et la recherche se trouvent dans notre pays à une phase déterminante de leur évolution. La compétition économique mondiale et nos impératifs de développement nous commandent de mettre en place un système d’enseignement et de recherche plus performant, au cœur des problématiques de développement, se nourrissant de notre réalité et contribuant à la faire évoluer.

Les principaux problèmes auxquels notre système d’enseignement supérieur et de recherche est confronté sont essentiellement d’ordre structurel. La résolution de ces problèmes nous oblige à des réorientations profondes qui exigeront de la part de tous les acteurs une mobilisation et des efforts accrus afin de bâtir un dispositif d’enseignement supérieur et de recherche qui soit un véritable instrument clé au service de notre développement.

A l’instar des autres pays de la région, le Mali rencontre de nombreuses difficultés à ce niveau d’enseignement et les mêmes causes produisant les mêmes effets, le pays n’est pas à l’abri des soubresauts qui agitent régulièrement le sous-secteur. Notre dispositif d’enseignement supérieur et de recherche scientifique souffre essentiellement de  déficit en personnel enseignant et de difficiles conditions de vie et de travail des enseignants, l’inadaptation de l’offre de formation à la demande économique et sociale, la forte croissance des effectifs étudiants, la faible intégration de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le déséquilibre structurel entre les ressources affectées au sous-secteur et les besoins, la faiblesse des capacités de gouvernance et d’adaptation, l’insuffisance et la faible valorisation de la production scientifique. Les résultats en matière d’activités de recherche ne sont pas à la hauteur des espérances, aussi bien sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif. On note en effet des personnels insuffisants, vieillissants et peu motivés, des moyens techniques insuffisants et obsolètes, un nombre relativement faible de publications, des technologies générées pas toujours adaptées aux besoins de la société, une faible diffusion des résultats, d’où leur faible utilisation.

Sur un tout autre plan, mais non moins important, les moyens financiers ne peuvent toutefois se mobiliser que là où existent des programmes ou des projets dont la pertinence est reconnue par tous et présentés de manière convaincante. Il est nécessaire de pérenniser un mode national de financement de la recherche à la hauteur des enjeux dans la perspective de l’atteinte des objectifs fixés par la déclaration des Chefs d’État à Maputo (2007).

’atteinte de ces objectifs nécessite le renforcement des capacités à travers, notamment la formation des chercheurs, enseignants et étudiants doctorants en matière de formulation de projets et de méthodologie de recherche, et l’équipement des laboratoires. A travers ce débat, un signal fort vient d’être lancé, à l’ensemble des acteurs (État, étudiants, enseignants) et aux partenaires techniques et financiers, aux entreprises et à la société civile que l’Enseignement supérieur qui a été longtemps un secteur abandonné par les PTF a besoin de l’accompagnement de tous pour être au service de tous.

Ashamas

www.diasporaction.com 2013-04-21 22:22:12