Lorsque le Collectif des ressortissants du nord (COREN) se dressait contre les Autorités intérimaires, c’était bien plus un cri de liberté. La peur de voir leur destinée programmer par des marginaux qui ne représentent ni bergers Peul, ni paysans Songhoï, encore moins les laborieux Bellah. De la société civile à l’opposition, en passant par des partis «non-alignés», des voix critiques pointent du doit des vices du processus de paix.
Tout ce monde qui ne parle pas le même langage que le président IBK devrait bénéficier d’une oreille attentive de la part du pouvoir. Plutôt que des adversaires politiques, ces contre-pouvoirs peuvent être des alliés de circonstance. Si le COREN s’est opposé aux autorités intérimaires, c’est que la désignation des hommes et des femmes parlant au nom des communautés est en train d’échapper aux premiers concernés.
C’est étonnant de voir le COREN qui ne s’est jamais farouchement opposé organiser une fronde contre l’application d’un des principes de base de l’accord. Apparemment, son cri de détresse n’a pas été entendu étant donné que les groupes armés et le gouvernement se sont mis d’accord sur la mise en place des autorités intérimaires sans l’implication des forces vives de la nation.
C’est pourtant ce scénario d’exclusion que veulent éviter les hommes politiques qui ne soufflent pas dans la même trompette qu’IBK. Les virulentes critiques de Dr. Soumana Sacko, le leader du parti CNAS Faso Hèra, contre l’accord d’Alger ne l’ont pas empêché de recommander l’appropriation du processus en donnant l’initiative au peuple souverain.
En clair, l’ancien Premier ministre joint ceux qui demandent que le peuple soit convoqué à des assises lui donnant le pouvoir de ne pas être spectateur du processus de paix. C’est le renvoi de cette concertation nationale que préconise d’ailleurs l’accord d’Alger qui pose problème. Selon les forces vives du pays, elles devraient être la priorité du gouvernement après la signature de l’accord en juin 2015.
Jusqu’ici, le pouvoir n’a pas daigné répondre aux multiples appels en faveur de ces assises du peuple dont les hérauts se trouvent surtout au sein de l’opposition. Koulouba sait que tout n’est pas bon dans l’accord, mais il veut éviter de rassembler les forces vives du pays capables à ses yeux de détourner l’occasion à leur faveur.
En fait, la gouvernance est la pierre d’achoppement entre IBK et les forces vives de la nation. Le président de la République sait qu’il est entouré volontiers par des collaborateurs auxquels il est souvent lié par des liens que les forces vives n’aiment pas. Hors, la concertation nationale peut ressembler à des états généraux de la nation donnant un poids politique au peuple dont les choix seront déterminants en matière de gouvernance.
Peut-être que les forces vives du pays n’aurait pas spolié le pouvoir du président IBK si dernier avait entendu ses détracteurs il y a bien longtemps. Le Mali aurait gagné du temps dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Et les blocages et tergiversations connus jusqu’ici auraient l’avantage d’être réglés par le peuple souverain.
Soumaila T. Diarra