Même les guerres les plus légitimes finissent autour de la table de négociation. Quid de la guerre contre le terrorisme à l’intérieur des frontières du Mali ? Où se situe l’obstacle aux discussions avec les leaders des groupes extrémistes maliens ?
Après la rupture diplomatique avec la France et l’expulsion de la force Barkhane et ses alliés européens du territoire malien, les feux semblent au vert pour négocier avec les leaders des groupes terroristes, qui sèment la désolation dans le pays.
L’un des plus grands défis des autorités de transition est de réussir le pari de la paix, par le démantèlement des groupes terrorico-ihadistes. Cela doit passer non seulement par un plus grand éveil de nos troupes, mais aussi par la négociation avec les chefs terroristes, en vue de les désarmer. Pour contrecarrer toutes les velléités meurtrières de ces criminels, qui menacent les fondements même de nos Etats.
Parmi les points positifs de cette Transition, on mentionne le front sécuritaire, où l’armée malienne, de plus en plus bien équipée, parvient à avoir quelques succès dans la sécurisation du territoire. Sauf que ces derniers jours, l’on assiste à un certain réveil des attaques terroristes. Ce fut le cas de l’attaque de Mondoro, dans la région de Mopti, d’Intahaka, dans la région de Gao et d’Anderaboucane, dans la région de Ménaka.
Ces événements malheureux ayant fait des victimes poussent à se demander pourquoi les plus hautes autorités tardent à enclencher le processus de discussions avec les chefs terroristes maliens. Puisque différents foras des forces vives du Mali ont déjà recommandé cette démarche, à laquelle la France s’était opposée.
En effet, le dialogue national inclusif, la conférence d’entente nationale et les concertations nationales ont plaidé pour l’Etat malien discutent avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa. C’est donc à cette option de la carotte que doit s’ajouter la voix du bâton pour donner des chances réelles de pacification du pays.
Et ceci, malgré qu’aujourd’hui, tout le monde s’accorde pour reconnaître « la montée en puissance de nos forces armées ». Mais, cette embellie ne doit pas constituer l’arbre qui cache la forêt. Une vigilance exceptionnelle doit être de mise, surtout dans le contexte du départ des troupes française de Barkhane et de ses alliés européens de la force Takuba.
A cet effet, avec la récente évolution de la tension entre la France et le Mali ayant abouti à une quasi-rupture des relations diplomatiques entre nos deux pays, il urge de saisir la balle au rebond pour reprendre l’initiative du dialogue entre « frères maliens ». Surtout que depuis plusieurs semaines, des groupes signataires de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger s’agitent pour réclamer l’activation de la mise en œuvre de cet accord.
Dans ce sens, le gouvernement, à travers le ministère de la Réconciliation nationale chargé de la mise en œuvre de l’Accord, doit prendre le taureau par les cornes. Il doit s’appuyer sur des autorités traditionnelles et religieuses et des leaders communautaires pour initier des rencontres de concertations en vue d’aller à une paix définitive.
Parallèlement, le ministère de la Défense et le haut commandement militaire doivent, sous la supervision du chef suprême des armées, le chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta, prendre toutes les mesures appropriées pour éviter toute nouvelle attaque surprise des forces obscurantistes. Ne dit-on pas que « qui veut la paix prépare la guerre » ? Le président de la Transition, son Premier ministre et son ministre de la Défense sont plus que jamais interpellés afin capitaliser davantage le soutien populaire dont ils bénéficient, en tendant la main aux « frères maliens » égarés. L’apaisement est à ce prix.
Baba Djilla SOW