Débarqué du Gouvernement pour gestion peu orthodoxe dans les affaires dites de l’engrais frelaté et des 1000 tracteurs, Dr Bocari Tréta vient d’être promu au poste de membre et probablement sera le nouveau président du Conseil d’Administration de la Banque Malienne de Solidarité, au nez et à la barbe de la Justice et de la société civile. Dr Tréta complète ainsi la longue liste d’anciens ministres relevés pour mauvaise gestion, et qui continuent à se pavaner sans être inquiétés.
La justice va-t-elle enfin se réveiller pour enquêter sur les différents cas présumés de corruption dans l’achat du Boeing Présidentiel et des équipements militaires en passant par les engrais frelatés et les 1000 tracteurs ? La société Civile va-t-elle jouer son rôle de veille citoyenne en demandant des comptes aux gouvernants ? L’Opposition se décidera-t-elle enfin à interpeller le gouvernement sur la suite qu’il a donné à ces accablants dossiers ?
L’ombre de l’ancien procureur de la République, M. Daniel A. Tessougué continue de planer sur le débat juridico- politique, lui qui s’était toujours invité dans la traque des cols blancs de la République. Aujourd’hui, les citoyens se demandent si on est réellement dans une République ou dans une monarchie? Tant l’impunité et le laisser-aller sont devenus la marque du régime.
Le nouveau Procureur Général, grand absent des radars citoyens au moment où la République a tant besoin de lui, s’est emmuré dans un silence complice. Contrairement à son prédécesseur qui s’était autosaisi de certaines affaires sulfureuses, M. Malamine Coulibaly passe inaperçu. Son choix à ce poste n’a pour le moment pas profité aux citoyens, à l’inverse de M. Tessougué, qui eut le courage de s’attaquer aux « intouchables de la République ».
Selon des analystes de la scène politique malienne, la justice serait l’une des plaies béantes de notre démocratie car elle serait comme inféodée au pouvoir politique. Revenant au cas Bocari Tréta, sa nomination est tout simplement une prime à l’impunité et un partage de gâteau entre les amis et la famille du président de la République.
La société Civile, censée veiller sur les intérêts de la population est attendue pour dénoncer cette impunité. Elle doit même monter au créneau pour demander à ce que justice se fasse dans les rocambolesques dossiers dont les proches du chef de l’Etat sont cités.
Quant à l’opposition, elle a la lourde responsabilité à travers son groupe parlementaire, de dénoncer cette nomination et tant d’autres. Pour rappel, le dossier de l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré a fait l’objet d’un jugement. Pourquoi, les présumés auteurs des affaires rocambolesques relatives à l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires, des engrais frelatés et des 1000 tracteurs ne font toujours pas l’objet d’enquêtes judiciaires ?
En définitive, la consolidation de l’Etat de droit passe par une Justice forte, à l’image de celle de la République Sud-Africaine, ou la force des Institutions a pu imposer au Président de la République le remboursement de l’argent du contribuable sud africain.
Youssouf Sissoko
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