Ces dernières semaines, les rencontres entre politiques et patrons des deux pays ont été nombreuses pour préparer ce sommet. Surtout depuis l’annonce du pacte de responsabilité de François Hollande, salué comme une bonne nouvelle en Allemagne.
Avec les politiques fiscale et sociale, énergétique et la politique de défense, les ministres français et allemands ont de quoi faire. Mais a priori, ce 16e Conseil des ministres franco-allemand ne devrait pas donner lieu à de grandes annonces. Si les Allemands voient les réformes de François Hollande d’un bon œil, les positions communes sont pour l’instant timides.
Sur l’Airbus de l’énergie, proposé par François Hollande, par exemple, la France a procédé à un léger rétropédalage devant la frilosité allemande. Il serait plutôt question de coopération entre les instituts de recherche et certainement pas d’une entreprise géante à la française, bien éloignée du modèle allemand des petites et moyennes entreprises.
Quant aux questions de fiscalité et de politique sociale, les réformes sont surtout du côté français, avoue-t-on à demi-mot à l’Élysée. On parle, par exemple, d’harmonisation de l’impôt sur les entreprises, mais plus en se rapprochant du modèle allemand que l’inverse.
Une annonce portant sur la défense devrait cependant avoir lieu. Mais elle sera essentiellement symbolique. Les ministres devraient se féliciter de l’envoi de 250 hommes de la brigade franco-allemande au Mali pour une mission de formation. Les deux chefs d’État s’exprimeront devant la presse en milieu d’après-midi.
A quoi servent les Conseils des ministres franco-allemands ?
Isabelle Bourgeois, chercheuse au Centre de recherche sur l’Allemagne contemporaine :
« Il arrive parfois que des décisions importantes soient prises, mais ce n’est pas l’objet principal de ces conseils des ministres bilatéraux. C’est d’abord un lieu d’écoute. C’est un lieu qui permet un processus d’apprentissage des grandes différences culturelles qu’il y a entre la France et l’Allemagne.
Et quand j’entends culturelles, je veux dire différences au niveau de l’administration, au niveau de la compréhension, de l’approche des politiques. C’est donc une manière de mieux se connaître et de faire l’état des lieux des divergences sur les dossiers-clés dans l’intégration européenne.
Les directions importantes sont prises au niveau des directions techniques. Ces directions-là ne bougent pas, elles se connaissent depuis une éternité, elles sont indépendantes des variations gouvernementales. On oublie trop ce deuxième niveau, ce niveau en coulisses où là, la coopération fonctionne très bien. »