En partance pour Paris pour des soins / Le Président Dioncounda bloqué deux heures à l’aéroport

Dioncounda a été empêché de décoller de l’avion présidentiel qui le transportait par des militaires en faction à l’aéroport. Notre confrère Serge Daniel  sur RFI parlera « de remue ménage ayant entouré le vol présidentiel ». L’on se rappelle, et c’est le quotidien national l’Essor qui en donne les détails, que le président de la République, malgré ce qu’on a dit,  a subi une violente agression  qui aurait pu lui couter la vie, surtout si l’on tient compte de son âge avancé, 70 ans. Notre confrère, dans sa livraison du 22 mai  écrivait notamment : les manifestants ont pris « … la direction du palais de Koulouba sur des motos et des véhicules. Ils pénètrent dans l’enceinte du palais avec à leur tête, le président de l’association Yérè Wolo Ton, Boubacar Boré. La situation était indescriptible à l’intérieur du palais. Sans rencontrer la moindre résistance malgré la présence des forces de l’ordre, les arrivants escaladent les murs pour se retrouver jusqu’au sommet de l’imposant édifice. Une délégation des marcheurs conduite par Boubacar Boré sera reçue par le président Dioncounda Traoré à qui elle explique l’objet de la marche.

Dioncounda Traoré leur assure qu’il a pris bonne note des griefs formulés contre lui et réitère sa volonté de ne jamais constituer un problème pour le pays. Boubacar Boré et ses compagnons prennent congé et rapportent le contenu de l’entretien aux manifestants dont une partie se disperse aussitôt. Mais, un autre groupe de manifestants était resté caché dans le jardin de la présidence. Ces irréductibles exigent la démission, séance tenante, de Dioncounda Traoré. La colère monte et ils défoncent les portes du secrétariat général de la présidence où le président a son bureau et investissent les bureaux. Il est alors un peu plus de 13 heures. Ils gagnent le premier étage où Dioncounda Traoré avait été évacué par quelques gardes de la salle d’audience pour une autre salle un peu plus éloignée. Les manifestants enragés balaient les quelques éléments de la Garde républicaine présents et forcent les deux portes de la salle. Ils font irruption dans la pièce. Quelques uns d’entre eux recommandent bien « ne le touchez pas » mais les plus nombreux se ruent sur le président dans défense, le frappent à coups de poing, de pied. C’est la curée lorsque quelques gardes parviennent à pénétrer dans la pièce. L’un d’entre eux, Dembélé, se précipite pour protéger Dioncounda Traoré mais réalise bien vite qu’il lui sera impossible de parer tous les coups qui lui sont destinés. Il a alors le bon reflexe de coiffer Dioncounda Traoré du casque qui servait à le protéger lui même. Ce geste a certainement sauvé la vie du président car certains agresseurs étaient armés de marteaux et s’en sont servis. La suite est un peu plus confuse. Selon des informations que nous n’avons pas pu recouper, les forces de l’ordre sont finalement intervenues en nombre. Elles ont tiré en l’air et dégagé le président pour le ramener inanimé dans la première salle d’audience qui était intacte. La confusion était alors générale au palais. Plusieurs manifestants ont été blessés dans leur fuite. Le président lui aussi a été grièvement blessé et les secours ont tardé à arriver. Peu de temps après ce que l’on peut appeler sans exagérer un « attentat » contre la vie de Dioncounda Traoré, le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, alerté est arrivé de toute urgence ainsi que le ministre de la Défense et celui de la Sécurité. Dioncounda Traoré a été transporté en milieu d’après-midi à l’hôpital du Point G, en compagnie du Premier ministre et sous escorte militaire… »

C’est donc un homme diminué « qui a monté difficilement les quelques marches permettant de pénétrer dans l’appareil » témoigne un confrère qui ajoute : «  il avait l’air éprouvé physiquement après l’agression dont il a été victime, blessé au visage et au dos, il y a deux jours ».

Le ministre de la communication Hamaoun Touré, porte parole du gouvernement dans un langage diplomatique convenu, sur les antennes de l’Ortm, est venu soutenir qu’il a fallu un avion spécial pour convoyer à Paris, le Président de la République , dont le rendez vous médical était calé de longue date avant d’ajouter sur RFI que ce départ donnera lieu au besoin à un « arrangement constitutionnel » auquel pourtant  seul un référendum pourrait donner lieu. Le savait-il ?

On le voit donc, malgré l’accord signé entre les parties prenantes à la transition au Mali, c’est-à-dire les médiateurs, le Président de la transition, le Premier ministre et le président du CNRDRE, le constat demeure troublant, car le pays n’a pas encore retrouvé l’accalmie et la stabilité souhaitées dans le fonctionnement des institutions.

La  Rédaction

 

Le Républicain Mali 24/05/2012