Après des mois d’attente sans succès, dans l’espoir d’être rapatriés au pays, une centaine de migrants maliens ont tenté leur chance dans le désert à pied le mercredi 3 août 2016 mais ils ont été ramenés après quelques heures de marche. C’est ce que signalent les confrères de Radio France internationale.
Des migrants maliens bloqués depuis plusieurs mois dans la ville de Tamanrasset en Algérie ont essayé de rejoindre leur pays d’origine. Plusieurs dizaines d’entre eux sont partis à pied, dans le désert. Une manière de protester contre l’inaction des autorités.
Ces migrants voulaient à l’origine rejoindre l’Europe. Bloqués par les autorités algériennes à Tamanrasset, à 600 km de la frontière, bon nombre d’entre eux souhaitent désormais rentrer au Mali.
Ces migrants maliens ne seraient pas les seuls, il y a aussi des Nigériens et des Burkinabé. Le convoi de rapatriement prévu de longue date, doit passer par le Burkina Faso et le Niger. Mais ce pays traîne à délivrer les autorisations nécessaires à la traversée de son territoire.
Cela fait des semaines que cela dure et pour accélérer les choses, environ 500 migrants ont décidé de quitter la ville de Tamanrasset, à pied mercredi matin, alors qu’il faisait près de 45 degrés dans cette partie du pays.
Le consulat du Mali à Tamanrasset et les autorités algériennes ont décidé de concert d’affréter un bus pour ramener les migrants dans la ville. Tous sont revenus après quelques heures de marche. En espérant que leur tentative accélérera leur rapatriement.
Il faut rappeler que depuis les récentes altercations avec certaines populations de Tamanrasset, le climat s’est détérioré pour ces Maliens vivant en Algérie. Plusieurs d’entre eux ont décidé le rentrer au pays. Certains sont toutefois bloqués à la frontière faute de carte de consulat.
Selon le Haut conseil des Maliens à Tamanrasset, aucun d’entre eux ne détient cette fiche. Des négociations sont en cours entre l’ambassade du Mali au Niger et celle de l’Algérie pour une autorisation de passage. Ces migrants maliens sont récemment arrivés en Algérie dépossédés de leurs biens par les passeurs à la frontière.
Certains d’entre eux sont arrivés au moment où la frontière algérienne a été fermée. La raison avancée par les autorités algériennes serait liée à la présence d’un nombre important d’étrangers sur le territoire algérien. On estime à environ 25 000 le nombre d’Africains sub-sahariens vivant à Tamanrasset, et plus de 16 000 Maliens vivent au Sud de l’Algérie.
Pour Abdoulaye Alhousseini Maïga, président du Haut conseil de Tamanrasset, ce sont des départs volontaires. « Ce ne sont pas les Algériens qui leur ont dit de rentrer, c’est eux-mêmes qui ont décidé de rentrer. Ce sont de nouvelles arrivées, en d’autres termes il y a des gens qui sont passés par la frontière malienne pour venir. La majorité était dépourvue de leurs fonds par les coxeurs maliens qui sont à Gao et à Tinamid à la frontière. Une fois arrivés ici ils étaient dans les foyers où ils étaient encore exploités. La deuxième raison c’est que lorsque certains sont arrivés, il n’y avait pas de route pour aller à Gardaya et pour le reste ».
Il a indiqué que l’Algérie a décidé de refouler tous les Africains, la majorité de ceux qui se trouvent à l’intérieur du pays. « Ils ont demandé au gouverneur de Tamanrasset de fermer le passage pour que personne ne passe. Sinon ils ne sont pas menacés. Ils ont fait dix jours au consulat qui a assuré leur prise en charge matin et soir. Après, le consulat leur a dit que les autorités algériennes ont décidé de donner une cité dans laquelle ils vont rester en attendant leur rapatriement. Ils ont accepté de partir à la cité. Mais les choses ont encore traîné parce que l’Algérie n’a pas donné son feu vert. La frontière n’est pas encore rouverte », a-t-il ajouté.
Selon Ousmane Diarra, président de l’Association malienne des expulsés, les dernières informations qu’ils ont eues, le ministre de l’intérieur de l’Algérie a demandé aux autorités algériennes de transférer ces personnes dans un camp installé qui s’appelle le camp d’urgence à environ 3 kilomètres au sud de la ville de Tamanrasset.
« Ils étaient transférés le vendredi passé en attendant que les choses soient dans l’ordre. Dans le cas contraire, s’il n’y a pas toujours de bonnes solutions, de bonne entente entre la population et ces migrants, ils seront forcément obligés d’être raccompagnés. Mais là où ils sont actuellement, d’après la protection civile algérienne ils sont dans des bonnes conditions ».
Il ajoutera que durant toute la journée du jeudi jusqu’au vendredi, il n’y avait pas eu de scandales. « Tout le monde était bien logé et bien installé sur le nouveau camp ».
A. Daou