La cour de la direction régionale de la protection civile à Sogoniko a été samedi dernier le théâtre de violents affrontements entre des Maliens rapatriés de la Libye et des éléments de la police appuyés par des agents de la brigade territoriale de la gendarmerie de Faladié. Ces heurts seraient orchestrés par un contingent de rapatriés débarqués à Bamako dans la nuit du vendredi qui exigeaient la restitution immédiate de leurs bagages dont une partie devait seulement arriver par le fret, deux jours après. Selon des témoignages recueillis auprès des émeutiers, un camion chargé de bagages aurait été détourné, la même nuit, de son itinéraire. Ce qui aurait provoqué en partie leur colère. Les émeutiers ont alors commencé tôt le samedi à poser des barricades sur l’avenue de l’OUA, devant l’auto-gare de Sogoniko, bloquant ainsi la circulation routière dans tous les sens. Il s’en est suivi une véritable bataille de rue entre les manifestants et les forces de l’ordre obligées à faire usage de gaz lacrymogènes. Des dégâts importants ont été causés avec la destruction d’équipements et de véhicules. On ne déplore aucune perte en vie humaine et aucune arrestation n’a été signalée.
Selon Mamadou Traoré, directeur général de la protection civile, les choses se déroulaient normalement avant qu’on ne commence à intoxiquer les rapatriés avec des informations fallacieuses sur des aides que le gouvernement aurait reçues de l’union européenne pour leur rapatriement.
On apprend de sources concordantes que l’honorable Oumar Mariko est pour quelque chose dans ces mouvements. Il lui est reproché de vouloir récupérer les efforts consentis par l’Etat malien et ses partenaires. A défaut, il se serait engagé à les inciter à la violence avec un prétexte de détournement des fonds à eux accordés par l’Organisation internationale de la migration. Le député du parti Sadi aurait fait croire aux rapatriés que chacun d’eux devait toucher 50.000 FCFA au lieu de 5.000 FCFA comme frais de transport. C’est ce qu’ont confirmé des rapatriés en présence des émissaires du gouvernement.
Pour éviter de nouveaux incidents, les rapatriés ont été transférés au Parc d’expositions de Bamako sur la route de l’Aéroport de Sénou, où ils ont eu des entretiens avec le ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Dr. Badara Alou Macalou, qui est revenu longuement sur les efforts du gouvernement pour le retour de nos compatriotes dans les meilleures conditions. A nos jours, ce sont 6693 Maliens qui ont été rapatriés. Il ne resterait plus qu’une centaine dont l’arrivée à Bamako est attendue dans les prochains jours.
Selon les autorités de Bamako, plusieurs centaines de migrants maliens, mais aussi originaires d’autres pays d’Afrique subsaharienne, ont, par ailleurs, regagné le Mali par la route en passant par les régions de Kidal et de Gao.
Abdoul Karim Maïga et O. Daou
L’ Indicateur Renouveau 22/03/2011