Rapidement menée au score contre le Mali, la Côte d’Ivoire a renversé la situation en inscrivant trois buts en huit minutes pour finalement s’imposer 3-1. Et du coup, les Eléphants de la Côte d’Ivoire prennent la tête du groupe C devant les Panthères du Gabon et les Lions de l’Atlas du Maroc qui se sont neutralisés (0-0) à Libreville. Les Aigles ferment la marche et risquent de longtemps regretter de n’avoir pas su jouer à fond leurs chances à Bouaké.
Ce premier match des éliminatoires de la Coupe du monde «Russie 2018» avait superbement démarré pour Yacouba Sylla et ses camarades. En effet, dès la 18e minute, Sambou Yattabaré profitait d’une mésentente entre Bailly et Gbohouo pour ouvrir le score en faveur des Aigles. Un opportunisme qui concrétisait la belle entame de partie des protégés d’Alain Giresse. Une domination de courte durée puisque les Ivoiriens vont vite se reprendre profitant de la baisse de régime, puis de la noyade collective des Maliens. En huit minutes, ils reviennent au score, puis prennent l’avantage grâce à Kodjia (26e), Salif Coulibaly (CSC) et Gervinho (34e). À part l’auto-goal, le portier Oumar Sissoko doit beaucoup s’en vouloir sur le premier et le 3e but des Eléphants.
Grâce à ce succès, les hommes de Michel Dussuyer prennent la tête du groupe C devant le Gabon et le Maroc qui se sont neutralisés (0-0) à Libreville, quelques heures plus tôt. Le Mali rate ainsi son entrée en lice parce que les nôtres n’ont pas tellement cru en leurs chances et aussi par de malheureux concours de circonstances. Comme chaque fois que nous affrontons les Ivoiriens, nous restons aujourd’hui avec nos regrets. Oui des regrets parce que, à Bouaké, le Mali a sans doute affronté l’une des sélections ivoiriennes le plus à sa portée. Mais, les matches Mali-Côte d’Ivoire ou CI-Mali se jouent généralement au mental et non sur la forme du jour des deux sélections. Sinon au niveau du jeu, les Aigles n’ont plus de complexe à nourrir devant les Éléphants. Malheureusement, au mental, les Ivoiriens l’emportent toujours car agressifs. Une agressivité qui a presque tourné à une agression délibérée, car nous sommes convaincus que la blessure de Moussa Doumbia est une agression volontaire visant non seulement à écarter un adversaire véloce, mais aussi intimider ses camarades qui avaient visiblement peur pour leurs précieuses jambes.
La sortie de Moussa Doumbia a certainement été le fait décisif, car ayant fragilisé les Aigles. Et sur le coup, Giresse n’a pas eu la main heureuse en faisant rentrer Diadié Samassékou totalement perdu dans la partie. À notre avis, le choix idéal aurait été de faire rentrer un joueur plus expérimenté comme Samba Sow ou Modibo Maïga. L’autre mauvais choix de Giresse est de préférer Oumar Sissoko à Soumbeyla Diakité et surtout à Djigui Diarra. L’agression puis la sortie de Moussa Doumbia a donc plombé le jeu des Aigles qui ont cédé à la panique après l’égalisation ivoirienne au lieu de poser le jeu. À l’image de Salif Coulibaly qui a trompé son portier sur le second but. La preuve qu’il avait perdu son calme olympien. Et Gervinho en a profité pour mettre les Éléphants à l’abri.
Méconnaissables après le premier quart d’heure
Le jeu des protégés d’Alain Giresse s’est curieusement liquéfié après le premier quart d’heure de jeu pendant lequel la panique était dans le camp ivoirien. À l’image de Sambou Yattabaré, l’unique butteur côté malien, les Aigles intimidés ont levé le pied sur l’accélérateur en préférant subir le jeu et redonnant totalement confiance à leurs adversaires du jour. Ce fut très dommage car les Éléphants étaient prenables et le Mali pouvait avoir au moins le point du match nul. Cette Côte d’Ivoire est loin d’être un exemple de sérénité et de cohésion. La preuve, c’est que le climat était fréquemment houleux entre les joueurs, notamment entre le portier Sylvain Gbohouo et sa défense. Mais il faut reconnaître que les Aigles du Mali n’ont pas non plus préparé cette rencontre comme il se doit, avec seulement trois jours de regroupement à Paris et un effectif sans cesse remanié pour des blessures (???).
Compte tenu du temps, nous pensons que l’idéal aurait été de se préparer à Bamako où pourquoi pas à Bouaké. En tout cas, on n’aurait pu avoir alors tous les joueurs convoqués parce que le problème de visa ne se serait plus posé pour Soumbeyla Diakité, Djigui Diarra et Mohamed Oumar Konaté resté bloqué au Maroc. Il est difficile de mettre une équipe sur place avec un effectif qui change à chaque regroupement. Abdoulaye Diaby, Bakary Sacko, Adama Traoré Noss… ont cruellement manqué à Alain Giresse. Et sans être dans les secrets des Dieux, nous avons l’impression qu’il y a un vrai problème de leadership au sein des Aigles face auquel la fédération et l’encadrement font la politique de l’autruche. Depuis la retraite internationale de Seydou Kéita alias Seydoublen, il y a moins de constance dans l’effectif de l’E.N senior comme si certains joueurs s’évitaient. On se demande par exemple pourquoi le jeune portier Samassa boude ou est écarté de la sélection ? Pourquoi depuis un certain temps Bakary Sacko et Modibo Maïga ne sont plus convoqués ensemble dans la sélection ?
Allez-y savoir pour quelle raison ?
Et avec cette instabilité chronique au sein de l’effectif des Aigles du Mali, un coach peut difficilement bâtir une équipe compétitive. En effet, il est difficile voire impossible de mettre une stratégie tactique sur place si on ne peut pas compter sur les mêmes joueurs pendant deux matches de suite. Comme le résume si bien notre ami Makan Magassouba, «au Sélectionneur malien de faire une bonne lecture de cette défaite afin que nous puissions être dans des conditions optimales pour les prochaines rencontres». Et nous ajoutons qu’avant cette seconde sortie du 11 novembre contre le Gabon à Bamako (le Maroc affronte à domicile la Côte d’Ivoire le même jour), nous pensons qu’une discussion franche s’impose entre les joueurs, l’encadrement technique et la Femafoot pour aplanir les difficultés.
Il faut voir les joueurs qui ont réellement envie de mouiller le maillot sans états d’âme et sans considérations personnelles pour arracher une première qualification historique à une phase finale de Coupe du monde. Dans les sports collectifs, difficile de réaliser un rêve s’il n’est pas partagé par tous les protagonistes !
Moussa BOLLY
****