L’opposition malienne a-t-elle les moyens de son ambition, à savoir obtenir l’alternance politique ? A-t-elle une stratégie ? A-t-elle même sa raison d’être ? Ou ignore-t-elle simplement son rôle ? Conséquemment, faudra t-il combien de temps pour que notre pays puisse bénéficier d’une opposition digne de nom ? Telles sont entre autres questions auxquelles certains observateurs politiques ont à répondre par l’affirmative en ne perdant pas de vue l’échec des différents groupes d’opposition qui se sont succédés.
En effet, la démocratie malienne, arrachée dans le bain de sang, a encore de beaux jours devant elle pour être à mesure de produire une opposition digne de ce nom capable de réaliser l’alternance politique.
Il faut toutefois faire un bref rappel historique sur les différents partis politiques ou groupes d’opposition qui ont vu le jour depuis l’instauration de la démocratie au Mali.
Cela commence par le COPPO qui a finis par s’user et renoncer à son objectif
d’alternance face au régime Adéma-Pasj dont l’homme fort n’était autre que Ibrahim Boubacar Keita, celui- là même qui a dirigé le défunt regroupement politique d’opposition, Espoir 2002, aujourd’hui mort de sa belle mort, et l’agonissant FDR qui prétend aujourd’hui être un groupement politique d’opposition même si les observateurs politiques estiment le contraire.
Ce groupe d’opposition est représenté au Parlement par les groupes parlementaires SADI-PARENA et RPM. Ces groupes, au lieu d’unir leurs forces, mènent leur combat en singleton. Tantôt, c’est le Dr Oumar Mariko du SADI, tantôt c’est Me Hamidou Diabaté du PARENA de faire des sorties émaillées de critiques contre le régime en place. Il est simplement à constater que les réactions de ces deux personnalités ne bénéficient pas très souvent de l’appui d’autres leaders politiques qui se réclament de l’opposition.
Il convient de souligner à ce niveau qu’il est difficile pour les gérants du pouvoir de se contrôler eux-mêmes ou de faire leur propre auto critique. Cette tâche revient, en démocratie, à l’opposition, investie du rôle de contrôle, de critique et de la proposition d’alternatives aux décisions du pouvoir. Et les animateurs de cette opposition doivent s’organiser pour ce faire. Malheureusement, des leaders au sein de ce même groupe optent très souvent pour la division en présentant plusieurs candidats à la présidentielle. C’est ce même scénario qui risquera de se reproduire en 2012 où chaque parti de l’opposition envisage de présenter son propre candidat. C’est là où résident toutes les faiblesses de l’opposition.
En tout cas, on ne pouvait pas critiquer mieux que cet observateur averti de la scène politique qui indique en substance : « La démocratie malienne a besoin d’une opposition politique organisatrice, créatrice d’initiatives et d’idées, assez mature pour accompagner le gouvernement quand cela s’avère nécessaire pour l’intérêt public, mais assez responsable pour défendre les valeurs qui sont les siennes. Or, actuellement, les partis d’opposition ne répondent pas à ce besoin. Ils ne représentent pas une opposition crédible et forte, capable de prétendre à l’alternance et gagner des élections…L’opposition malienne a besoin de changement, de renouvellement, de rajeunissement et surtout de travail. Elle a besoin de confier de vraies responsabilités à la nouvelle génération, fonctionnant comme un vrai contre-pouvoir au gouvernement. Elle a aussi besoin des responsables compétents et désintéressés… ».
A la lumière de cette situation, on peut se poser cette question : l’opposition malienne peut-elle espérer gagner la course pour Koulouba ? Certes non, à moins qu’elle corrige ses faiblesses.
Moussa Toure
Le National 06/11/2010