Le premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet 2018 a été émaillé par des scandales et le diagnostic de ces imperfections montre l’immaturité politique de l’écrasante majorité des populations maliennes. Chez ces dernières le projet de société des candidats vient en dernière position pour leur choix. C’est l’argent qui est le nerf de la guerre et c’est lui qui fait plus d’effets dans les urnes aux dépens de projets novateurs de certains candidats qui incarnent le vrai changement.
L’élection présidentielle du 29 juillet 2018 a encore prouvé que c’est plutôt l’argent et non le projet de société qui guide le choix de la plupart des électeurs. Qui n’a pas vu un électeur venir se placer devant un centre de vote muni de sa carte d’électeur et attendre patiemment un envoyé spécial d’un candidat acheter sa voix ? L’argent est en train de faire tache d’huile sur le choix des électeurs au Mali.
Rares sont les candidats qui peuvent se targuer de ne pas mobiliser la foule moyennant des sommes forfaitaires soient-ils. L’argent coulait à flot dans les Sotramas bourrés de monde et autres moyens de transports qui ralliaient les centres de vote le jour du scrutin. On vend tout au Mali maintenant même sa voix au profit d’une somme le plus souvent insignifiant.
Une vaste campagne de sensibilisation des électeurs s’impose pour leur faire voir la réalité : choisir le candidat en fonction de son projet de société et non de quelques billets de banque.
La recrudescence des nouvelles technologies de l’information (réseaux sociaux et autres) ainsi que la floraison d’activistes n’ont pas eu raison de la pratique qui est en passe de s’enraciner chez certains Maliens. « Si nous ne faisons pas attention, nous élirons à la tête de notre Etat un narcotrafiquant ou un vendeur d’armes, car c’est eux qui ont le plus d’argent à distribuer », déclarait l’ancien Premier ministre du Mali Moussa Mara, dégouté par l’utilisation abusive de l’argent et l’énorme rôle qu’il joue dans le processus électorale au Mali.
Le comble est que même certains candidats risqueront de mordre à l’hameçon car en cas de second tour, pour départager les deux qui seront en tête, le pouvoir d’achat aura son pesant d’or. Dans les élections au Mali, c’est l’argent qui est le nerf de la guerre et ceux qui ne sont pas disposés à en distribuer peuvent prendre leur retraite politique malgré leurs projets innovants.
Moussa Samba Diallo