Comme indiqué dans la feuille de route de la Transition, le gouvernement a annoncé le calendrier électoral et les réformes.
Ce calendrier, bien qu’issu des concertations, suscite de réactions au sein de la classe politique.
D’où les sorties du M5-RFP et la Plateforme politique dénommée « Espérance nouvelle ».
Après l’exigence de l’ambassade des Etats-Unis à l’ONU de la mise à disposition d’un calendrier clair et précis, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, a dévoilé le calendrier électoral.
Cette volonté du gouvernement, selon le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, s’inscrit dans le cadre du respect du délai des 18 mois accordés aux autorités de la Transition.
Ce calendrier concerne l’organisation des élections référendaires, des conseillers des collectivités et ceux du district de Bamako.
Selon le calendrier que le gouvernement a rendu public, la tenue du scrutin référendaire est prévue pour le dimanche 31 octobre 2021.
S’agissant de l’élection des conseillers des collectivités, c’est-à-dire des conseillers de cercle, des conseillers régionaux et ceux du district de Bamako, elle se tiendra le dimanche 26 décembre 2021, deux mois après celle du référendum.
Quant à l’élection couplée du président de la République et des députés à l’Assemblée nationale, celle-ci est prévue pour le dimanche 27 février 2022.
Pour les seconds tours, le cas échéant, ceux-ci sont prévus respectivement pour le dimanche 13 mars 2022 et le dimanche 20 mars 2022, une semaine après les premiers tours.
Des plateformes ne partagent pas la vision du gouvernement.
Pour la Plateforme politique dénommée « Espérance nouvelle », ce calendrier est trop chargé pour être mis en œuvre dans un délai si court.
La Plateforme politique « Espérance nouvelle (Jiguiya Kura) », dirigée par Housseïni Amion Guindo, a, à travers un communiqué en date du 18 avril 2021, évoqué son inquiétude quant à la possibilité de tenir tous ces scrutins dans le délai indiqué.
Malgré qu’il n’y ait pas eu de concertation préalable avec la classe politique et la société civile, et, au regard de la situation socio-politique et institutionnelle actuelle du pays, la publication de ce chronogramme est un acte fort, indique la Plateforme politique.
Surtout lorsqu’il respecte le délai imparti pour la période de la Transition.
Dans son communiqué, la Plateforme « Espérance nouvelle » indique la difficile exécution du chronogramme électoral, annoncé par le gouvernement.
Surtout aux plans technique et financier.
Sur le plan technique, il est important que la question de l’organe unique de gestion des élections soit définitivement tranchée avant la tenue de ces scrutins.
Ce qui n’est pas encore le cas.
Ce n’est pas que ce côté qui pose problème aux yeux de la Plateforme.
Dans une déclaration, le Comité stratégique du mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) annonce avoir pris note du chronogramme du référendum et des élections générales, publié le 15 avril 2021 par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, alors même que le cadre de concertation réunie le mardi 13 avril 2021 entre ledit département ministériel et les partis politiques n’a pas discuté d’une quelconque question de chronogramme.
Le M5-RFP s’étonne, de prime abord, que le calendrier des élections soit ainsi publié sans la moindre concertation avec les forces politiques et sociales et sans le moindre égard pour le Comité d’Orientation Stratégique, récemment créé, dont la nature réelle d’instrument de « faire-valoir » est ainsi révélée au grand jour.
Le M5-RFP s’étonne également que le processus de consultation puisse commencer avant la révision annuelle des listes électorales fixées par la loi au mois d’octobre.
Il est à préciser qu’à cette révision annuelle obligatoire ne peut se substituer aucune révision exceptionnelle des listes électorales.
Pour le M5-RFP, le chronogramme publié n’est qu’une énième malice, une diversion de la junte militaire pour desserrer l’étau de la pression nationale et des exigences de la communauté internationale sur le Gouvernement pour le respect scrupuleux des 18 mois retenus pour la durée de la période de Transition.
En témoignent en effet l’absence totale de temps prévu pour les consultations et les débats indispensables à l’élaboration de tout projet de constitution ;
le refus de la mise en place de l’Organe unique de gestion des élections unanimement convenue au sein de l’ensemble de la classe politique ; une opacité totale sur le mode de scrutin et les circonscriptions électorales ;
l’échec et l’incapacité de la junte militaire à assurer la sécurité des personnes et des biens sur le territoire national, a fortiori les conditions d’une bonne organisation des élections projetées, ainsi que celles du retour des déplacés et des réfugiés dans leurs localités respectives pour leur permettre d’exercer leurs droits civiques ;
l’absence totale de mesures correctives sur les insuffisances et les irrégularités qui ont conduit à la contestation des élections présidentielles de 2018 et de l’élection législative de 2020.
« Au total, le chronogramme des élections, tel que publié confirme toutes les appréhensions du M5-RFP sur une volonté de plus en plus affichée des autorités de Transition de cession du pouvoir à un complice, en violation flagrante des engagements pris par le président de la Transition lors de son discours d’investiture.
Le M5-RFP, attaché à la nécessité d’une Rectification du processus de transition en cours pour la Refondation du Mali, met en garde les autorités de la Transition et réitère son refus de s’associer à une mascarade électorale visant à infantiliser les Maliennes et les Maliens.
Le M5-RFP n’est pas d’accord et dit non… »
Le M5-RFP fustige cette démarche dangereuse qui représente un risque certain de déstabilisation du Pays, aujourd’hui menacé de toutes parts, et appelle à un consensus large et sincère autour des questions nationales, en l’occurrence la préparation et l’organisation d’élections régulières pour éviter à notre Nation les affres d’une énième crise pré et post-électorale.
Zan Diarra
Source: Soleil Hebdo