Mais le hic est qu’à quelque dix mois de ces compétitions, le fichier qui doit servir de base pour élaborer les listes électorales, est unanimement reconnu mauvais. Alors, il faut un nouveau fichier. C’est pour cette raison que l’initiative du Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec) a été saluée par tous, ses résultats pouvant servir de base pour un fichier qui garantit la transparence du vote et permet de réduire la marge de manœuvre des fraudeurs. Cependant ce recensement a pu trainer jusque là sans pouvoir enrôler tout les Maliens, en particulier ceux en âge de voter.
Alors débat, faut-il y renoncer et s’en tenir à l’ancien fichier et endosser les fraudes, des élections truquées, des résultats tronqués et tous les troubles à l’ordre public qui peuvent en découler, ou alors amener le gouvernement à résolument œuvrer pour un nouveau fichier sur la base du Ravec ? Le débat qui s’est installé s’enlise presque en générant peu à peu des ingrédients dangereux les uns que les autres, qui préparent le terrain à une situation explosive. C’est visiblement, ayant pris conscience de cet avenir proche tumultueux à éviter à tout prix que Giacomo Durazzo, l’Ambassadeur et le Chef de la Délégation européenne au Mali, n’a pas pu s’empêcher d’aborder ce sujet brûlant lors de la célébration de la journée de l’Europe le 9 mai dernier au Musée national du Mali. C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement malien, dont celui en charge de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, Kafougouna Koné.
Giacomo Durazzo, a évoqué l’importance des prochaines échéances concernant les élections présidentielles et législatives de l’année prochaine. Pour lui, le Mali peut être considéré à juste titre comme pays ayant réussi son processus démocratique, avec des institutions stables et des élections qui se tiennent régulièrement depuis 20 ans. Cependant cela ne met pas à l’abri des inquiétudes.
« Dans une région marquée par tant de pays ayant subi des changements de régime par la force, il est fondamental que le Mali puisse continuer à donner le bon exemple en organisant pour l’année prochaine des élections apaisées, consensuelles et transparentes. Le débat actuel sur les listes électorales démontre la vivacité de la démocratie malienne; mais il devra cependant rapidement se conclure sur un choix consensuel et clair de la part des différentes parties prenantes, afin de procéder de manière résolue et déterminée à la préparation des élections, car le calendrier avant la tenue des premières échéances est très serrée », a avisé le Chef de la Délégation européenne, Giacomo Durazzo. Sans être un oiseau de mauvais augure, l’on doit faire sienne l’idée selon laquelle gouverner c’est prévoir et éviter de tomber dans l’immobilisme et le surplace qui semblent se tailler une place de choix dans notre gouvernance. Alors qu’on se le tienne pour dit.
Boukary Daou
Le Républicain 12/05/2011
