On pourrait penser que cela est normal dans un contexte démocratique. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement pas de partis au Mali qui n’ait pas connu ou qui ne vit pas des moments de fortes tensions. Le fait le plus récent, c’est le Congrès de l’UM-RDA qui a failli se terminer en queue de poisson. Pour des questions de positionnements personnels, le parti de la charrue devenu le parti du tracteur n’est pas aujourd’hui à l’abri d’une scission. En plus de la bande des dix frustrés du Congrès, avec à leur tête Me Harouna Touré, un courant de contestataires dirigé par Gaoussou Coulibaly, ancien Président de la jeunesse Us-RDA, est en train d’ourdir une stratégie pour mettre en cause la création de l’UM-RDA sur les cendres du parti de l’indépendance. Malin sera celui qui nous dira qu’une scission n’y couve pas.
Du côté de l’Urd, l’on pourrait dire que le parti qui va porter la candidature de Soumaïla Cissé va batailler dur pour arriver à se souder aux élections. Après le feuilleton Oumar Touré, ancien ministre de la Santé, voilà que Yéah Samaké, un illustre inconnu sur la scène politique malienne, fut-t-il maire de la Commune de Ouélessébougou, fait une sortie musclée contre le candidat naturel de l’URD. Dans quel intérêt ? Au MPR, Cheick Modibo Diarra et son beau frère Boukadary Traoré, sentant qu’il n’allait pas avoir le privilège d’être désignés candidats du parti du tigre débout, ont préféré prendre le large à temps, avec le mérite de participer de façon formidable à l’augmentation du nombre des partis politiques maliens.
Le CNID Faso Yiriwa Ton de Me Tall, après la forte saignée enregistrée avec le départ de N’diaye Bah et un fort contingent de militants et non des moindres, refuse d’admettre qu’il n’a plus du répondant et du mordant pour emballer le peuple malien comme à la belle époque. Pratiquement né de la dernière pluie, le PDES est vraiment un prototype particulier dans l’échiquier malien. Hamed Diane Séméga, Président du PDES et Jeamille Bittar, le premier vice-président, ne ratent aucune occasion pour se donner en scène, dans un combat dont ils sont les seuls à connaître la cause. Mais, nous avons des doutes sur leurs prétentions à vouloir briguer la magistrature suprême.
Du côté du parti SADI, il y a quelques semaines sur un coup de tête, Mamadou Guindo dit Madou pain, député élu à Niono et quelques militants du parti dirigé par Cheick Oumar Sissoko qui lui sont fidèles, ont rejoint la CODEM avec armes et bagages. Mais aujourd’hui, le cas le plus décevant est le feuilleton des primaires de l’ADEMA, le parti de l’abeille solitaire. De report en report, l’ADEMA n’arrive pas à choisir entre la multitude de ses candidats qui aspirent tous à bénéficier de l’onction mielleuse pour gravir la colline de Koulouba avec la bénédiction des Maliens.
Et, vu que cette désignation tarde, l’on peut parier sans craindre que la ruche sortira émiettée de ce combat fratricide entre Dioncounda Traoré, Iba N’diaye, Sékou Diakité et Marimantia Diarra. Avec la sortie d’il y a une semaine de la section ADEMA de la Commune VI du district de Bamako, il n’y aucun doute que des responsables du parti sont dans le dispositif de ne pas accepter le choix du CE ADEMA.
En l’absence de Yacouba Diallo, ministre du logement et des affaires foncières, non moins secrétaire général de la section ADEMA de la Commune VI, Harouna Cissé, ministre du développement social, de la solidarité et des personnes âgées, en sa qualité de vice-président de la section ADEMA de la Commune VI, a présidé une réunion à l’issue de laquelle une lettre a été adressée au CE ADEMA pour lui demander de surseoir aux primaires. En plus du douanier Zoumana Coulibaly, membre du CE ADEMA, qui n’a jamais caché son ambition de voir Modibo Sidibé briguer la magistrature suprême sous les couleurs du parti de l’abeille solitaire, le ministre Harouna Cissé est, aujourd’hui, soupçonné d’être un fidèle de l’ancien Premier ministre. Aussi, en attendant que Marimatia Diarra laisse tomber son masque, l’on peut sans risque de se tromper dire que l’ADEMA est bien parti pour nous donner le même spectacle qu’en 2002. Et, ce sera dommage pour le parti de l’abeille solitaire.
Assane Koné.
Le Républicain 22/07/2011