Lorsqu’il s’agit de jeter un journaliste en prison dans l’exercice de sa fonction, on se cache derrière le prétexte fallacieux d’ »état d’urgence ». Mais dès qu’il s’agit des regroupements d’hommes politiques (surtout « puissants »), la dérogation est spéciale. Depuis l’annonce de la tenue de la présidentielle en juillet prochain, les Maliens renouent avec les « grands discours ». La fanfaronnade des hommes politiques a véritablement repris. On semble oublier le Nord, et l’absence de notre armée nationale à Kidal ne dérange guère, ni même les tractations en cours pour « négocier » avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Entre-temps, au sud les populations sont meurtries, avec la hausse du prix carburant, des transports, du gaz, de l’électricité et des coupures intempestives qui ont anéanti totalement certaines entreprises. Nos écoles sont à terre. Difficile en ce moment de faire la différence entre les années académiques à l’Université publique du Mali.
Jusque-là dans certaines Facultés de Bamako, les étudiants sont dans la rue. Ceux qui sont en classe, prennent les cours assis à même le sol, comme à la Faculté des sciences juridiques et politiques, où on les appelle ironiquement « les Maliens de l’extérieur ». Ouvrons nos yeux ! Les récentes attaques à Gao, la peur encore de nos compatriotes à retourner chez eux après le passage des jihadistes, etc. Rien de cela ne les arrête lorsqu’il s’agit de se battre pour le contrôle du pouvoir après la transition. Quand ils se battent pour des strapontins, ils sont aveuglés, et le peuple malien au nom duquel ils prétendent parler, est complètement ignoré. Ne demandez pas ce que pense la classe politique de ces préoccupations, car ce n’est point sa tasse de thé.
Après le chaos dans lequel ils nous ont plongés du fait de leur irresponsabilité pendant dix ans, ils n’ont pas le courage de se racheter. Et quand un Choguel Maïga (président du MPR) affirme dans une interview au journal « Les Echos » que « les hommes politiques ont trahi le peuple malien », les populations ne doivent plus tarder : la sanction doit être immédiate.
Nous devons exiger une nouvelle race d’hommes politiques, capables de se sentir Maliens, qui croient au Mali et qui font les leurs nos préoccupations. « Où est le changement quand ce sont toujours les mêmes ? », s’interrogeait la semaine dernière une nouvelle plate-forme de leaders politiques. Si l’on s’interroge véritablement sur les vraies motivations de ces initiateurs au regard de certains de leurs actes posés dans le passé, dans le fond, l’idée n’est pas mauvaise.
Elle doit donc inspirer le peuple malien face à la nécessité d’insuffler du sang neuf à notre vie politique. Jusqu’aux prochaines élections, ils nous tympaniseront avec leurs discours démagogiques, leurs meetings en tee-shirts, et souvent ils nous bombarderont avec des billets d’argent qu’ils nous ont volé… Ouvrons nos yeux et sanctionnons-les immédiatement !
Issa Fakaba Sissoko
L’ Indicateur Du Renouveau 2013-03-27 13:17:56