En effet, pour ces élections communales partielles qui sont essentielles pour les 165.000 électeurs repartis entre 18 centres totalisant 359 bureaux de vote, le département en charge des élections au Mali, à travers la Délégation Générale aux élections (la Dge) qui ne se fait plus apprendre son métier et dont le premier responsable-général Siaka Toumani Sangaré-a récemment honoré notre pays et l’Afrique entière en menant à bon port l’élection présidentielle en Guinée, a confectionné de nouvelles cartes d’électeurs. Une précaution qui coûte certes en moyens financiers, mais qui s’impose pour éviter qu’il n’y ait pas de fraudes. Car, ne nous voilons pas la face, les pratiques politiques ne sont pas des plus vertueuses chez nous et il vaut donc mieux les manquements que d’avoir à gérer des contentieux évitables. On peut aisément comprendre que la Dge ait à redouter que des candidats trop ambitieux inscrits sur certaines listes de candidatures, dans le but d’avoir le maximum de conseillers communaux, pourraient être tentés d’utiliser frauduleusement les anciennes cartes d’électeurs non enlevées, celles qui établies pour les communales du 26 avril 2009.
Au début de la semaine dernière, l’administration, à travers les antennes de l’Office de radio et télévision du Mali, a invité les populations à se rendre dans les différents centres secondaires d’Etat civil pour retirer leurs cartes d’électeurs. Il existe au total 13 centres de distribution de cartes pour les 08 quartiers que compose la commune IV du District de Bamako.
Pour faire le constat de l’état d’avancement des opérations, nous avons fait le tour de quelques centres de distribution le vendredi 14 janvier 2011, soit quatre jours après l’appel de l’administration. Partout où nous sommes passés, le constat est loin d’être satisfaisant, pour ne pas dire qu’il est inquiétant. L’angoisse est en train de jouer avec les nerfs. Pour cause : jusqu’à vendredi dernier au moment de notre périple, le retrait des cartes n’avait pas encore commencé à cause du retard dans l’acheminement des matériels électoraux. Les témoignages suivants que nous avons recueillis vous donneront le niveau des tensions.
«Ce n’est pas sérieux, le département de l’administration territoriale et des collectivités locale a invité les électeurs à se rendre dans les centres pour retirer leurs cartes d’électeurs alors que rien n’est prêt. Les listes électorales qui doivent être affichées devant les centres sont venues très tardivement, je dirais trois jours après le communiqué pour le retrait des cartes. Et lorsqu’elles sont arrivées, nous n’avions pas de colle pour les afficher. C’est aujourd’hui même qu’on a reçu la colle, et nous venons juste de terminer les affichages. Pire, nous ne sommes pas bien traités, on ne nous donne ni à boire, ni à manger… », s’est indigné le chef d’un centre de distribution qui a préféré l’anonymat. Et un autre de déplorer : « On s’attendait à une différence nette entre les nouvelles cartes et les anciennes cartes d’électeurs afin d’éviter toute confusion. Mais, malheureusement, ce sont les mêmes couleurs (bleu claire). La seule différence, qui demande d’ailleurs plus de vigilance, est la mention : « Elections partielles communales » écrite sur les nouvelles cartes. Avec seulement cette petite différence, je parie que des électeurs seront tentés de voter avec l’ancienne carte d’électeur sur laquelle est écrit : Elections communales. C’est pour dire combien l’administration a manqué de sérieux… ».
Pas plus que la semaine dernière, nous dénoncions le manque de sérieux de l’administration dans l’organisation du concours de recrutement des auditeurs de justice, qui s’est déroulé du 4 au 5 janvier 2011. Cette récidive de l’administration ne traduit-elle pas l’expression « Le ridicule ne tue pas » ?
A quel saint se vouer si l’administration, censée gérer les affaires publiques, s’illustre par des bavures ? Certains de répondre vite qu’il n’existe plus de saints au sein de notre administration. Mais le général Siaka Toumani Sangaré a désormais ouvert pour le Mali et sa démocratie de larges lignes de crédits que nul n’a le droit de dilapider. Il faut le savoir.
Moussa Touré.
Le National 17/01/2011