Dans la commune II du district de Bamako, un bras de fer oppose déjà des partis politiques autour du rejet de plusieurs listes de candidats aux communales du 20 novembre prochain. Ces blocages de candidatures prennent l’allure d’une petite crise électorale dont les protagonistes s’accusent mutuellement de complots et de manœuvres dilatoires. Mais les rivalités entre concurrents ne sont pas les seuls problèmes de ces élections dont les particularités sont sans précédent.
Les détracteurs de la tenue des élections communales du 20 novembre mettent en avant la situation d’insécurité galopante au Nord comme au Sud du pays. Mais le gouvernement semble forcer la main à de nombreux partis politiques qui auraient souhaité que les élections communales n’aient pas lieu en ces temps de troubles.
C’est d’ailleurs parce que le gouvernement peine à stabiliser le Nord du pays que des dispositions ont été introduites dans la loi électorale pour permettre des élections parcellaires. Sur le rapport des gouverneurs et des préfets, seront retenues les localités où les élections auront lieu le 20 novembre. Ce qui signifie que dans une même région, il pourrait y avoir des élections dans certaines communes alors que d’autres devront attendre.
Dans les régions de Gao, de Tombouctou et de Mopti, les représentants de l’Etat ne peuvent pas aller au-delà des capitales régionales. Dans ces régions, on s’attend à l’impossibilité de transporter le matériel électoral et au déploiement difficile des hommes et des femmes chargés de surveiller le scrutin dans des zones où l’administration publique n’existe pas.
Certains hommes politiques n’hésitent pas à dire que c’est le scrutin consacrant la partition du pays qui est en préparation. L’on sait que la tenue de ces élections dans la région de Kidal relèvera de la bonne humeur de certains groupes signataires de l’accord d’Alger. Ces groupes armés qui contrôlent la ville de Kidal n’accepteront d’aller aux communales à la date indiquée que pour l’opportunité de se rendre légalement maîtres des lieux.
Autre aspect problématique des communales à venir, c’est la multiplication des rejets de liste et son corollaire d’accusations mutuelles. La commune II du district de Bamako en est le symbole parfait. C’est dans cette circonscription que la liste de l’ADEMA a été attaquée en justice par l’alliance RPM-CODEM. Et c’est justement demain que la justice devra se prononcer sur la requête en annulation formulée contre la liste de l’ADEMA.
Dans cette même commune, le RPM est pointé du doigt par plusieurs partis politiques qui ont d’ailleurs organisé un sit-in la semaine dernière. Chez ces partis, le ton est différent car on menace de mener des actions plus engagées contre ce qu’ils considèrent comme une manœuvre des proches du pouvoir afin de réserver la commune II à une poignée de privilégiés.
Soumaila T. Diarra