Laurent Fabius l’a rappelé, c’est un engagement du Mali, inscrit dans la feuille de route de la transition, que d’organiser les élections présidentielle et législatives en 2013. En outre, la tenue de ces scrutins rassurera une communauté internationale inquiète du poids de l’ex junte dans la vie politique, sociale et institutionnelle de notre pays. Le fait nouveau est que l’accent est désormais plutôt mis sur la présidentielle pour l’échéance de juillet, ce qui induit un découplage, déjà largement accepté, des scrutins à venir.
Second point, si l’on en croit l’ex Premier Ministre de François Mitterrand, tous les leaders maliens qu’il a rencontrés sont d’accord avec ce calendrier, ce qui est assez surprenant lorsque l’on rapporte ces faits à certaines déclarations récentes de chefs des partis représentés à l’Assemblée Nationale, qui ont échangé avec Laurent Fabius le 5 avril dernier et ont même déjeuné avec lui.
La volonté politique des autorités de la transition d’aller aux élections a elle aussi été réaffirmé à notre hôte, ainsi que l’assurance de leur faisabilité au plan technique, comme l’a répété le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire, même si l’on peut encore, comme beaucoup d’observateurs, en douter.
Tertio, et c’est le ministre Tiéman Hubert Coulibaly qui l’a déclaré, si l’on s’attèle à trouver une solution pour que les Maliens déplacés puissent voter dans leurs nouveaux lieux de résidence sur le territoire national, rien n’est sûr pour les réfugiés, les conventions internationales en vigueur, bien que reconnaissant leurs droits de citoyens, ne leur octroyant pas dans le même temps le droit de vote sur leurs sites d’accueil de manière explicite.
Autres informations d’importance issues de la conférence de presse animée par les ministres français et malien des Affaires Etrangères, la mise à disposition d’un expert en informatique et d’une experte en processus électoraux par la France; une révision exceptionnelle à venir des listes électorales et le bouclage de l’appel de fonds pour financer les élections au Mali.
S’y ajoutent l’annonce d’une réunion, courant avril, aux Nations Unies, afin de finaliser la mise en œuvre de la MINUSMA, qui remplacera la MISMA comme force onusienne de stabilisation et l’assurance de la continuation de la présence d’un fort contingent militaire français, un millier d’hommes auquel pourrait s’ajouter en appui un autre millier de soldats, comme «force combattante», pour lutter contre le terrorisme dans notre pays.
Signalons que Laurent Fabius était accompagné, entre autres officiels, de Mme Elisabeth Guigou, ex ministre de la Justice, actuelle Présidente de la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée nationale française et de Son Excellence Gilles Huberson, nouvel Ambassadeur de France au Mali.
En compagnie de son homologue malien il a rencontré, outre les personnalités déjà citées, le Président Dioncounda Traoré, le Premier ministre Diango Cissoko, le Président de la Commission de Dialogue et de Réconciliation, Mohamed Salia Sokona, et, bien sûr, la communauté française résidant au Mali.
Ce fut donc, comme le déclarera Laurent Fabius «une visite utile et positive dans un pays qui a retrouvé confiance et espoir». Nous ne partageons pas ces propos que nous trouvons trop optimistes pour l’instant, mais lui reconnaissons d’avoir levé sans aucune équivoque une suspicion récurrente concernant la position de la France lors de cette conférence de presse: «le MNLA est un groupe armé qui a vocation à désarmer et à voir ses éléments cantonnés à plus ou moins brève échéance, car il ne saurait y avoir deux armées dans un même pays». Le Mali restant, pour la France comme pour la communauté internationale, Un et Indivisible.
Ramata Diaouré
Le 22 Septembre 2013-04-08 04:02:09