Jamais une élection présidentielle au Mali n’aura autant préoccupé les citoyens que celle du 29 juillet 2018. Elle s’annonce être l’élection de tous les enjeux et en même tant de tous les dangers. La campagne bat son plein et les candidats rivalisent sur le terrain pour convaincre l’électorat qui semble indécis. Ils sont aujourd’hui six candidats à véritablement émerger du lot. Qui sont-ils et quelles sont leurs chances ? A en juger par les mouvements dans les quartiers généraux et des meetings et autres rencontres sur le terrain, six candidats semblent sortir la tête de l’eau. Il s’agit du Président sortant IBK, du chef de file de l’Opposition Soumaila Cissé, de l’opérateur minier Aliou Diallo,de l’ancien ministre de l’Education Housseyni Amion Guindo dit Poulo et des anciens Premiers ministres Modibo Sidibé et Cheick Modibo Diarra. Pourquoi ces six sont en tête de course ?
Ibrahim Boubacar Keita
IBK demeure encore dans le cœur de certains Maliens, même si beaucoup lui ont tourné le
dos. Son deuxième point fort réside aux cinq ans à la tête du pays et pendant lequel il
semble avoir des ramifications dans toutes les couches socio-professionnelles. En plus de
ces atouts, il dispose des moyens colossaux, tant de l’Etat que de ses partisans, qui lui
permettent de sillonner le pays. Il est favori sans être invincible.
Soumaila Cissé
Rien qu’à en juger par son enthousiasme et les différents ralliements et adhésions en masse
en sa faveur, il est sans nul doute le challenger le plus redoutable et qui pourrait faire
basculer la balance en sa faveur dès le premier tour si les consignes de vote sont respectées.
En plus des ralliements et des adhésions, Soumaila Cissé est adossé à un appareil politique
bien implanté qui est l’URD et surtout de sa coalition composée d’une soixantaine de partis
et d’une centaine d’associations. Ces atouts font aujourd’hui qu’il est la plus grande menace
pour IBK et un prétendant sérieux pour le fauteuil présidentiel.
Aliou Diallo
L’opérateur minier risque de déjouer tous les pronostics et sondages en se classant troisième le soir du 29 juillet. Ses secrets résident dans ses relations presque fusionnelles avec certains grands électeurs comme le Chérif de Nioro, Bouyé et l’imam Mahmoud Dicko.A cet atout, il faut ajouter les grands progrès réalisés par son parti en termes d’implantation sur le terrain et surtout le fait de disposer de moyens financiers conséquents lui permettant de bien mener sa campagne dans les niches. Il s’érige en un outsider qui peut surprendre plus d’un.
Housseyni Amion Guindo, Poulo
Il est rarement cité parmi les favoris par les instituts de sondage en dépit de sa quatrième place sur la scène politique. Et pourtant, il est le seul homme politique à avoir un électorat fidèle en pays Dogon et dans la région de Sikasso. En plus de cet atout, il a un parti qui couvre plus de 70 % du territoire. Malgré sa participation à la gestion décriée d’IBK, qui a d’ailleurs rabaissé sa côte de popularité, Poulo peut surprendre en améliorant son score de 2013 et en déjouant les pronostics.
Modibo Sidibé
Malgré son quotient personnel élevé, tant du point de vue du charisme que de l’intégrité
morale, il n’arrive pas à desserrer l’étau des préjugés défavorables. Présent sur la scène
politique depuis 2011 avec son parti les FARE, Modibo Sidibé qui est à sa deuxième tentative
n’arrive toujours pas à huiler sa machine pour qu’elle soit un engin de guerre performant.
Ses atouts sont sa détermination, sa conviction et sa vision pour un Mali émergent. S’il est
compris par son peuple, il fera mouche le 29 juillet, s’il fait une bonne campagne.
Cheick Modibo Diarra
Il est le chouchou des instituts de sondage qui lui donnent entre la deuxième et la troisième place au premier tour. Sur quoi se fondent ces instituts pour faire un tel classement en sa faveur ? C’est le ralliement de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, de l’ancien ministre Konimba Sidibé et de sa gestion de la transition durant laquelle les prix des denrées de premières nécessités ont connu une baisse substantielle. Ces atouts suffisent-ils pour le créditer d’un tel score ? Sa campagne est loin de le prouver, car elle est timide. Il pourra réaliser son meilleur score à Bamako sans bousculer la préséance sur le plan national.
Youssouf Sissoko