Les candidats à la succession du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, n’ont plus de crainte à se faire. Du moins, du point de vue du respect de la date constitutionnelle pour l’élection présidentielle de 2018. La question est, désormais, tranchée par le Chef de l’Etat. « Il est temps qu’on envisage les visions politiques autrement, les élections régionales et présidentielle auront bel et bien lieu. Elles se passeront dans une transparence totale et crédible », a promis IBK lors de la présentation des vœux de nouvel an à la presse le vendredi 12 janvier 2017 à Koulouba. Cette décision du Chef de l’Etat s’inscrit dans la logique de la volonté de la classe politique malienne qui veut la tenue de l’élection présidentielle coûte que coûte à la date indiquée. L’Opposition avait évoqué la question avec fermeté lors d’une rencontre avec le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, le 11 janvier 2018. « Nous avons profité de l’occasion pour parler des grandes questions de la nation. Pour nous, il faut prendre des dispositions pour gérer l’essentiel. L’essentiel se résume en deux choses : l’aspect sécuritaire et la tenue d’élections crédibles transparentes. Pour nous, au niveau de l’Opposition, pas question de report, pas question de transition. Nous sommes fermes là-dessus. A l’Opposition, nous avons dit qu’il faut que la date constitutionnelle soit respectée. Nous pensons que la transition va nous mettre en retard », avait dit Nouhoum Togo aux journalistes à sa sortie de la salle de réunion avec Soumeylou Boubeye Maïga.
Bien avant l’Opposition, Younouss Hamèye Dicko, membre de la Majorité présidentielle, critiquait la proposition du doyen Seydou Badian Kouyaté de reporter les élections. En réponse à la proposition du doyen, le président de RDS disait : « C’est dire que cette démarche n’est pas soutenable, ni scientifiquement, ni politiquement. La politique va plus vite que la science. Il y a des choses qui peuvent subvenir et dont personne ne peut imaginer. Je pense que les sages de ce pays doivent prôner l’organisation d’élections démocratiques. L’Opposition et la Majorité ont tous raison qu’il faut des élections transparentes, justes pour que les régimes issus de ces élections puissent emporter l’adhésion des populations. Il faudra aussi que ces élections puissent permettre au pouvoir de gouverner et décider sereinement. Je pourrai attendre cette hypothèse de mon point de vue d’un homme comme Seydou Badian. Mais je n’attends pas de lui qu’il y ait un gouvernement d’union nationale sans aucune base sociale, politique et scientifique. »
C’est dire que malgré la volonté d’aller à l’élection largement exprimée par la classe politique, tous les acteurs concernés sont conscients des difficultés sécuritaires qui parsèment ce chemin. En effet, si le président IBK a rassuré d’user de tous ses moyens pour réunir les conditions d’une élection transparente et apaisée, il est clair qu’il n’a pas la garantie de maîtriser tous les aspects du type d’élection exigée par le peuple malien en 2018. A savoir : l’élection d’un président légitime à issue d’une élection transparente et juste.
En s’engageant à organiser l’élection au mois de juillet 2018, le président de la République tient, sans doute, compte de l’avis de la classe politique. Mais la question qui se pose est de savoir s’il réussira, avant la date constitutionnelle indiquée, à gagner le pari de la pacification du centre et du nord du pays, un facteur déterminant d’une élection crédible et juste, et au-delà, éviter une élection de partition. La classe politique est-elle en train de se rendre complice d’une élection présidentielle de partition du Mali en juillet 2018 ? Le futur président des Maliens sera-t-il le président de tous les Maliens ou plutôt d’une partie du peuple malien ?
Youssouf Z KEITA