Le 29 juillet 2018, les électeurs Maliens départageront les 24 protagonistes qui ont fait acte
de candidature. L’élection présidentielle de cette année est loin de ressembler aux
précédentes, car les enjeux sont grands et le peuple souverain semble vouloir prendre son
destin en mains. Le Président candidat à sa propre succession sera face à 23 autres
prétendants, parmi lesquels, des poids lourds de la scène politique. Il y aura forcément un
second tour qu’IBK pourrait bien ne pas franchir. Voici les raisons d’une probable défaite
au second tour ?
Première raison : Son bilan
Elu avec plus de 77% des suffrages par les Maliens, sur la base de nombreuses promesses
dont les plus substantielles étaient la résolution de la crise au nord du Mali, la lutte
implacable contre la corruption, la création d’emplois pour les jeunes, IBK est loin d’avoir
comblé les attentes. Cinq ans après le bilan frise la catastrophe, les morts se comptent par
dizaines /jour, les deux tiers du territoire échappent au contrôle de l’Etat et les chômeurs
inondent les rues aux jours ouvrables. C’est face à ce constat que la quasi-totalité de ses
inconditionnels soutiens ont pris leur distance avant de se liguer contre lui. Parmi ceux-ci, il y
a des leaders religieux, des anciens Premiers ministres et ministres, tous sont déterminés à
voter contre lui.
Deuxième raison : La crise sociale
Pendant cinq ans, le sud qui n’a pas connu la grande crise sécuritaire comme le nord et le
centre, a néanmoins souffert de la crise alimentaire. Les denrées de première nécessité ne
sont pas à la portée des citoyens lambda et le hic est que le train de vie de l’Etat n’a jamais
diminué ; d’où le sentiment d’abandon avec comme conséquence la crise de confiance sans
précédent. Beaucoup d’électeurs veulent se rendre aux urnes le 29 juillet pour sanctionner
le Président sortant.
Troisième raison, la forte coalition du « Tout sauf IBK »
En cas de second tour, IBK n’est pas sûr d’avoir les grosses pointures parmi les vingt-trois
candidats, qui formeront un bloc compact contre lui avec un seul objectif le battre à plate
couture et convenir après d’un plan de gestion du pouvoir. Ses partisans voyant ce plan en
sourdine veulent remuer ciel et terre pour obtenir le minimum pour être élu, à savoir 50, 01
% dès le premier tour pour déjouer le « complot » ; ce qui relève de l’utopie. Craignant ce
plan du camp d’en face, il joue à la victimisation et crie à la trahison de ses anciens
collaborateurs et demanderait au peuple de lui accorder un second mandat pour faire le
ménage. Son message aura peu de chance d’être entendu au regard du bilan et de sa
gouvernance.
Quatrième raison, la forte implication de sa famille
L’une des causes du mécontentement de la plupart de ses soutiens est l’implication de sa
famille dans la gestion des affaires du pays. Au Mali, la famille du Président de la République
est très impliquée dans la gestion des affaires publiques. Les marchés publics sont octroyés à
des proches en dehors de toutes procédures régulières. Toute chose qui irrite jusque dans
les rangs des soutiens d’IBK qui se plaignent de népotisme et de corruption. Ces derniers
seront nombreux à aller manifester leur mécontentement dans les urnes en votant contre
IBK.
Youssouf Sissoko