Bien qu’il soit battu pour une meilleure école, les chantiers lancés par l’ancien ministre de l’Education nationale, Mamadou Lamine Traoré (paix à son âme) semblent oubliés. Il y a plus de 10 ans que l’école malienne est au centre des préoccupations des uns et des autres. Pourtant, à peu près un tiers du budget national lui est consacré.
Mamadou Lamine Traoré était ministre de l’Education nationale, nommé par le président Amadou Toumani Touré, de 2002 à sa mort en 2007, dans les gouvernements d’Ahmed Mohamed Ag Hamani et d’Ousmane Issoufi Maïga. Il a publié aux éditions Donniya un livre intitulé « Philosophie et géomancie vers une philosophie originelle africaine ».
Responsable de ce département sensible, il a mené des réformes très difficiles qui lui ont valu beaucoup d’inimitiés dans la classe politique. Il a ainsi mis en place l’organisation des concours des directeurs des Centres d’actions pédagogiques (Cap). Il est entré en conflit avec les anciens directeurs de Cap, nommés par le gouvernement précédent. En témoigne sa célèbre interpellation à l’Assemblée nationale en juillet 2005 où il a, pendant une demi-journée, défendu avec éloquence sa gestion de l’école malienne.
Aujourd’hui, même ses détracteurs reconnaissent qu’il était l’homme qui pouvait remettre sur pied l’école malienne grâce aux chantiers qu’ils avaient ouverts en place tant sur le plan de la formation à travers la création des instituts de formation des maîtres, des initiatives comme la caravane du livre qui a permis de doter en livres et manuels pédagogiques des bibliothèques scolaires et universitaires de Bamako et de l’intérieur du pays, l’équipement de certains établissements scolaires en matériel informatique, la réhabilitation et l’équipement des laboratoires de recherches scientifiques, etc.
D’abord il a institué dès 2002 l’organisation des « Camps d’excellence » et la journée du « Bon élève » destinés à récompenser les meilleurs élèves de tous les ordres d’enseignement.
Echec et mat
« L’Etat à l’obligation de former les enseignants des écoles publiques et communautaires et les directeurs ont besoin d’être formés pour enrichir leurs CV. L’Etat doit mettre à la disposition les moyens nécessaires pour qu’enfin l’école malienne puisse être à la hauteur. Car cette formation est destinée aux enseignants du public et ceux des communautés », assure Cheick Dembélé, conseiller à l’orientation au Cap de Banankabougou.
Pour Seydou D., parent d’élève, les chantiers de l’ancien ministre de l’Education nationale pouvaient apporter une solution à notre école dans la crise scolaire. « Le taux chutera tant que des élèves maliens auront en face leurs principaux ennemis ; à savoir : les parents qui leur promettent les sujets d’examen et exigent la souplesse et à la surveillance et à la correction ; l’administration scolaire qui s’associe aux parents pour atteindre les objectifs ».
« Tout le monde enseigne aujourd’hui. Des enseignants au Mali n’ont pas le DEF, voire le CEP. Les enseignants sont humiliés devant les élèves par des parents et cela au vu et au su des responsables scolaires. L’éducation étant le socle de tout développement, l’administration scolaire ne doit pas être confiée à n’importe qui. Le choix des hommes doit se faire avec rigueur et surtout le mérite doit prévaloir. Les enseignants rigoureux sont éliminés de la correction pour cause de trafic des sujets. Donc je pense qu’il faut revoir l’école malienne pour qu’enfin le drapeau du Mali puisse être au haut niveau », ajoute-t-il. Il rappelle que Mamadou Lamine Traoré a été l’un des meilleurs ministres de l’Education du Mali.
Pour Amara Fomba, enseignant au Cap de Nara, l’école doit être l’affaire des seuls enseignants et de l’Etat. « Certains parents achètent les sujets d’examen ou proposent autre chose pour que les enfants passent en classe supérieure ».
Malgré les chantiers ouverts, les idéaux de Malamine Traoré semblent oubliés par les autorités en place.
A. Diabaté
Stagiaire