Un rapport de l’UNICEF salue l’augmentation considérable prévu du pourcentage du budget consacré à l’éducation pré-primaire au Mali, mais d’importants efforts restent à faire. Ce qui n’est pas évident dans la mesure où les acquis sont plus que jamais menacés par l’année blanche qui se profile à l’horizon à cause de la grève des syndicats d’enseignants.
Un nouveau rapport mondial de l’UNICEF sur l’accès à l’enseignement pré-primaire félicite le Mali pour les importantes mesures déjà entreprises pour renforcer l’éducation pré-primaire. Notre pays est ainsi cité par l’organisme onusien comme «exemple pour d’autres pays à faibles revenus».
Le document souligne que le gouvernement malien a mené des études sur «la modélisation financière», examiné les connaissances des enfants entrant à l’école fondamentale et a conduit «une évaluation du fonctionnement du système préscolaire».
Ce diagnostic est axé sur les scénarii retenus dans le cadre de l’élaboration du Programme décennal de développement de l’éducation et de la formation (PRODEC 2). Ceux-ci indiquent une augmentation considérable de la part des fonds alloués à l’éducation préscolaire qui passerait de 0,01 à au moins 3,9 %.
«L’augmentation budgétaire s’avère cruciale car d’importants efforts restent à faire», a souligné le rapport. En effet, au Mali, la vaste majorité (95%) des enfants de 3 à 6 ans ne sont toujours pas inscrits dans l’enseignement pré-primaire. Et cela est d’autant inquiétant si l’on sait que, comme indiqué dans le document, «les pays qui comptent un grand nombre de filles et de garçons non-inscrits dans l’enseignement pré primaire passent à côté d’une occasion cruciale d’investir dans le capital humain et risquent de créer très tôt de profondes inégalités, remarque en outre ce rapport».
«L’apprentissage préscolaire est l’un des meilleurs moyens de garantir que les enfants qui arrivent à l’école fondamentale sont prêts à apprendre», a défendu explique Félix Ackebo, Représentant adjoint de l’UNICEF au Mali. Ainsi, a-t-il ajouté, «investir dans l’éducation des plus jeunes, c’est assurer leur capacité à réussir à l’école et de devenir des adultes productifs plus tard. L’éducation préscolaire est donc un des meilleurs investissements qu’un pays puisse faire».
Dans son tout premier rapport sur l’éducation pré-primaire, intitulé «Un monde prêt à apprendre : Accorder la priorité à une éducation préscolaire de qualité», l’Unicef révèle que les enfants inscrits dans un établissement d’enseignement préscolaire ont au moins deux fois plus de chances de savoir lire, écrire et compter plus tôt que les enfants qui n’ont pas bénéficié d’un apprentissage préscolaire.
Ainsi, poursuit l’organisme spécialisé des Nations unies, «dans les pays où davantage d’enfants suivent des programmes d’enseignement préscolaire, un nombre nettement plus élevé d’enfants achèvent leurs études de base et acquiert les compétences minimums requises en lecture et en mathématiques».
C’est pourquoi l’Unicef exhorte les gouvernements à mettre en place au moins une année d’enseignement préscolaire universel de qualité et à en faire une composante obligatoire de l’éducation de chaque enfant, en particulier des enfants les plus vulnérables et des enfants marginalisés.
Malheureusement, au Mali, tous les acquis des dernières années en matière de scolarisation (préscolaire, scolaire et académique) sont menacés par des mois de grève des syndicats d’enseignants. Et aujourd’hui, il faudra vraiment un véritable miracle pour éviter que l’année 2018-2019 ne soit pas… Blanche !
Moussa Bolly