Nous avons peur et nous avons froid parce que les comparaisons mal à propos et inexactes traduisent l’incurie et le mépris. Nous avons peur et nous avons froid parce que d’un côté, il y a nos vies en danger et de l’autre peu de moyens, peu capacités et trop d’égo. Or, les défis sont réels et énormes. Ils sont à la mesure d’un pays dont les deux-tiers étaient annexés, il y a juste deux ans. Et Bamako diffère de Paris et de New York parce que capitale d’un pays constituant encore un théâtre d’opérations jihadistes.
Ce qui sied, c’est le plaidoyer pour des mesures continues, visibles et dissuasives de sécurité, afin de minimiser les « soft targets », au moins dans la capitale, siège de nos institutions ainsi que de notre souveraineté et résidence de civils de pays qui nous ont tendu la main en des temps sombres. Une vigilance plus accrue était possible et doit être de mise désormais même si l’insécurité zéro n’existe pas. Nous avons peur et nous avons froid enfin devant les images des jeunes Ould Tayib et Ould Sidiya, qui n’avaient pas 16 ans, qui ont été poursuivis par une foule baveuse, avant d’être attrapés, tués, brûlés et découpés le weekend dernier à Gao.
Oui Gao, capitale de civilisations et de cultures qui ont rayonné dans le monde. Nous avons peur et nous avons froid parce que des témoignages qui convergent, il ressort que les deux jeunes assassinés l’ont été en raison du faciès. Ils étaient Arabes, ils étaient les neveux d’acteurs loyalistes, pro-gouvernementaux. La vérité émerge, les regrets s’expriment mais le mal est fait, renforçant nos peurs et notre froid dans ce pays qui est à nous tous, à nous toutes.
Adam Thiam
Source: Le Républicain-Mali 2015-03-10 22:19:44