C’est officiel. Le financement des partis politiques est tombé et les plus grands partis comme toujours se taillent la part du lion. Ainsi le RPM, le parti au pouvoir s’en sort avec 520 millions de nos francs, l’ADEMA, 408 millions, l’URD, 320 millions, le CNID 99 millions, la CODEM, 80 millions, le PARENA, 70 millions.
Si le principe en lui-même bien que critiquable peut passer pour admissible dans le contexte de nos démocraties naissantes, parce que le contraire, c’est-à-dire l’absence d’un financement public aurait livré nos formations politiques aux mains des commerçants et du monde des affaires.
Mais jusqu’ici notre Etat comme dans bien des domaines de la gestion des affaires publiques apparaissent comme une gouvernance sans vision.
Sinon comment comprendre qu’un Etat responsable puisse financer des partis politiques avec l’argent de nos impôts sans exiger la contrepartie de bonne et rigoureuse gestion de ces fonds, sans indiquer comment cet argent public devrait être utilisé par les partis et surtout sans exiger l’exercice minimum de transparence qui requiert chaque année la publication officielle par les partis des comptes d’utilisation des fonds reçus autant que leur financement a été annoncé publiquement.
Le budget de l’Etat est accessible et lisible dans ses moindres détails.
Pourquoi pas celui des parti politiques ? Tant qu’il s’agit de l’argent public reçu il faut rendre compte de son utilisation.
C’est inadmissible que l’aide publique aux partis politiques finisse dans les mains de certains leaders politiques et de leur parti des rentiers et des officines commerciales qui attendent chaque année, comme une grâce, la tombée de cette aide pour se la partager et l’utiliser à des fins autres que celles qui renforceraient le parti.
Ce sont ces genres de mauvaise gestion qui ont donné du volume et de l’espace aux religieux qui prônent la morale et le bien commun, même si au demeurant ils n’appliquent pas eux mêmes tout ce qu’ils nous disent et nous recommandent de faire. Si l’Etat ne change pas sa gouvernance, le malien sera plus religieux que jamais.
Les partis politiques ne sont pas les seules forces organisées dans un Etat.
Nos autorités traditionnelles et coutumières, nos imams et nos évêques, pourront aussi demander, pour le sacerdoce de service public qu’ils abattent mieux que les partis politiques, leur financement par l’Etat comme l’Eglise l’a été par l’Etat bien longtemps en occident.
La bonne gestion exige que chaque parti présente un budget au vrai sens du terme à hauteur de son niveau de financement. Un budget préparé par les structures du parti, adopté et voté par les instances statutaires appropriées sous l’observation d’un représentant de l’Etat à chaque étape.
Un budget équilibré présenté en recettes et en dépenses comprenant des lignes pour la formation, les charges de personnel et le niveau des cotisations internes des militants.
Un budget général du parti auquel on pourra greffer comme pour l’Etat en annexe un plan d’investissement pour la pérennisation du parti.
Ce plan d’investissement devrait concerner des actions comme la construction par le parti de ses propres infrastructures telles que son siège national, son équipement en outils de gestion et les prévisions budgétaires pour le recensement biométrique de ses militants sur toute l’étendue du pays.
Bref, la nomenclature souhaitée pour un tel budget peut faire l’objet de concertation entre l’Etat et les partis politiques dès lors qu’ils acceptent de se regrouper en pôles idéologiques : Droite, gauche, centre et non alignés comme l’indique le plus souvent leur statut et règlement intérieur officiels.
On ne peut pas comprendre qu’en plus de 20 ans de financement qu’aucun parti politique n’a encore construit son propre siège.
Aujourd’hui, aucune transparence, aucune obligation de rendre compte n’est imposée par l’Etat aux partis politiques en ce qui concerne la gestion interne des fonds du contribuable. Ni vis-à-vis de leurs militants en interne à fortiori vis-à-vis du citoyen lambda.
Si au Sénégal voisin le Parti Socialiste a pu construire son propre siège alors pourquoi pas demain l’ADEMA au Mali ou le RPM, ou l’URD ou le PARENA ? L’avenir de la Démocratie sur laquelle repose notre montage Etatique est tributaire du niveau de solidité de nos partis politiques.
Alors pour l’Honneur et le Bonheur des Maliens et de la Démocratie il faut totalement repenser pendant qu’il est encore temps les exigences de l’aide publique aux Partis politiques. SVP !
O’BAMBA
Source: Info@Sept 18/07/2016