D’autant que la question n’est pas d’ordre pédagogique mais politique. Elle relève même du bon sens minimal pour un pays dont l’écrasante majorité est musulmane mais dont les enfants bénéficient d’un jour de congé tabaski pendant qu’ils ont deux semaines pour les congés de Noël et de Pâques et pratiquement trois mois pour les grandes vacances qui coïncident, ceci expliquant peut-être cela, avec l’hivernage, période de travaux champêtres.
Une concession de l’Etat colonial qui avait besoin de tous les bras valides pour les cultures de rente. Mais quid d’un Etat moderne qui a signé toutes les conventions internationales contre le travail des enfants ? Cinquante ans après les indépendances, il y a de la nécessité et de l’espace pour réadapter le calendrier scolaire à notre réalité sociale. Accorder une journée à nos enfants pour se coiffer aller chez le tailleur, ou choisir les chaussures qui vont avec la coquetterie recommandée du jour de la tabaski, notre plus grande fête, n’est pas offrir la lune. Leur permettre de vivre les trois jours réglementaires de la tabaski n’est concéder l’impossible, non plus.
Les congés Eid el Fitr et Eid El Kebir peuvent et doivent être offerts en réaménageant légèrement les trois grands congés scolaires de la place. Faire cela ne remet pas du tout en cause le caractère laïc de la République, car la laïcité procède plus d’une volonté d’inclusion que d’une stratégie d’exclusion. Il serait dommage que l’an prochain, nos élèves reprennent la rue pour une réclamation aussi fondée. Et si le décideur ne cédait pas, ce ne serait pas parce qu’il a raison, mais parce qu’en face, le contrepouvoir citoyen, ne pèse rien.
Adam Thiam
Le Républicain 03/11/2011