Après l’adoption de la Charte de la transition par le CNT, le Mali a besoin aujourd’hui d’un gouvernement de large ouverture, consensuel et représentatif pour mener à bon port le bateau de la transition. Mis en place depuis plus de huit mois, le Gouvernement du premier ministre Choguel Kokala Maïga, n’a pas réussi à rassembler les maliens. Il n’a pas non plus posé les bases des reformes qui doivent être le socle du Mali Koura.
Il a surtout excellé dans des invectives et autres discours au relent populiste à l’encontre de la France et de ses alliés. Il a, certes dit plus haut ce qu’un grand nombre de maliens murmurent plus bas, à savoir que la France a sa grande part de responsabilité dans la chaotique situation dans laquelle le Mali vit aujourd’hui, mais pourquoi vouloir faire du combat contre la France un fonds de commerce politique ?
Les allégations et autres accusations contre la France sont toutes loin d’être fausses, mais en quoi chanter cela pourrait-il résoudre nos priorités, nos attentes qui sont de plus pressantes aujourd’hui ? Nous devrons avancer et trouver des réponses adéquates à nos préoccupations majeures. Ce genre de discours est limité dans le temps, car le Mali est assailli de toutes parts donc il a besoin des solutions curatives et non des théories pour endormir le peuple. Si dans le domaine sécuritaire, un grand ouf de soulagement est constaté dans plusieurs localités du pays, dans le domaine politique il n’y a eu aucune avancée notable, alors que le temps est loin d’être notre meilleur allié. Pour rappel la transition étant constituée de deux grandes composantes, à savoir la composante militaire, comprenant les cinq Colonels et leurs frères d’armes et la composante politique avec comme tête de proue le PM Choguel K Maïga. Si on pourrait affirmer sans ambages que la composante militaire a rempli sa part de contrat vis-à-vis du peuple en redonnant le sourire à des millions de maliens, qui ont été libérés du joug des forces maléfiques.
Quant à la composante politique, elle s’embourbe dans des discours, des conférences de presse ou autres débats télévisés, sans proposer des alternatives à la crise sociopolitique à fortiori les reformes censées mettre le Mali sur des bons rails.
Le Colonel Assimi Goïta, président de la transition et premier responsable du pays devant l’histoire, a toutes les cartes en mains après le quitus du CNT, pour procéder à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui répondra à trois principaux critères, à savoir la neutralité, la compétence et l’intégrité morale. Ce gouvernement ne devra nullement pas ressembler à l’actuel qui a montré toutes ses limites objectives à circonscrire la crise diplomatique et à mener des reformes idoines pour le Mali Koura tant souhaité et chanté à coups de renforts médiatiques. Après les prouesses militaires, la libération du Mali du joug français, le Colonel Assimi Goïta va-t-il enfin rassembler les maliens pour une transition réussie et écrire son nom en lettres d’or dans les annales de l’histoire du Mali ? La réponse est à sa portée de mains.
Youssouf Sissoko